Effigie des billets de 1 000 yens, Noguchi est mort de la fièvre jaune en 1928 au Ghana, qui s'appelait alors la Côte de l’or. Ce premier voyage en Afrique changera la vie de M. Yano. “Un soir, mon père a accepté d'accompagner un collègue qui avait un rendez-vous avec une Ghanéenne. Elle était venue avec une amie danseuse et mon père en est tombé amoureux. C'était notre mère”, raconte David. Il est retourné plusieurs fois au Ghana depuis et avoue que c'est toujours assez rare de voir des expatriés japonais sortir avec des Africaines. “Beaucoup ont peur d'attraper des maladies. Malheureusement, l’Afrique a toujours cette image négative qui lui colle”, dit-il. De leur enfance à Accra, seul Michael garde quelques souvenirs. “Je me souviens que ma mère invitait des gens à la maison pour faire des danses traditionnelles. Quand elle dansait avec d'autres hommes, mon père faisait une drôle de tête !” Ses frères le regardent d'un air de reproche. Michael est la grande gueule de la famille, celui qui compose les chansons influencées par le hip-hop. “Moi, je me souviens juste que je lisais des mangas à la lueur de la bougie !” raconte David. “Il a les plus mauvais yeux de nous tous !” rient ses frères. A Accra, leurs parents ont commencé un élevage de poulets et ouvert un restaurant de brochettes. “Notre père a démissionné de son entreprise pour se mettre à son compte. Il voulait passer plus de temps avec nous”, explique Michael. Le restaurant attirait beaucoup d'expatriés qui apprécient la bonne nourriture, l'ambiance mixte et la musique live des groupes locaux qui venaient jouer le week-end. Mais une nuit, la famille est cambriolée par une trentaine d’hommes armés qui ciblent le quartier des expatriés. Quand ils sont arrivés, leur père avait déjà caché tout le monde sous le lit et pris un revolver qui ne marchait pas. “Ils étaient armés jusqu'aux dents. Mon père s'est assis sur le lit et leur a dit c’est moi l’étranger, vous pouvez me tuer, mais ma famille est d’ici. Finalement ils ont tout pris, mais nous ont laissé la vie sauve”, se rappelle Michael. Après cet épisode et l'insécurité croissante à Accra, M. Yano décide de rentrer au Japon, avec sa femme Gifty et ses trois enfants. C'est un bouleversement complet. “Au Ghana, on avait une vie de famille normale. Mes parents avaient du temps pour eux, en plus ils bossaient ensemble au restaurant. Mais à Tôkyô, mon père revenait souvent du boulot...