Pour les Itô, la première participation de leur fils à la course du Nomaoi est une question de sauvegarde de la tradition. Sur environ 500 participants annuels, cette fête désignée patrimoine immatériel de la culture populaire japonaise ne compte plus qu'une poignée de jeunes cavaliers, dont Kazuhiko fait partie. Il est 10h. Dans une chaleur torride, la famille Itô réunie sur un grand parking essaie tant bien que mal d'enfiler 30 kg d'armures sur le corps costaud de Kazuhiko. L'équipement est impressionnant : gants, jambières, cuirasses, cotte de mailles, cuir, laine ou soie, rafistolés avec amour par la maman. “On a tout acheté a Kyôto dans un piteux état ! Certaines de ces armures datent des guerres de Momoyama d'avant l'ère Edo !” raconte Ichiko en serrant un foulard blanc autour du front de son fils. “Les armures japonaises sont différentes de celles en Occident, elles ne recouvrent pas tout le corps mais seulement les points sensibles, le cœur, le cou, les cuisses. Car le code d'honneur obligeait qu'on combatte de front, jamais par derrière”, ajoute Kazuhiko. Tout autour, d'autres familles procèdent au même rituel, entourant le fils, le mari ou le frère qui en ce jour, représente les ancêtres. “Il y a encore beaucoup...