En 2016, le magazine Tôyô Keizai évoquait le fléau du célibat à vie. Il n’empêche que la question du mariage occupe encore beaucoup les esprits. Il suffit d’observer le nombre de publicités consacrées à ce sujet dans les transports publics et les magazines. M. J. : Du côté des femmes, le mariage reste une obsession qui a une longue tradition. Voyez Bruine de neige (Sasame yuki) de Tanizaki Jun’ichirô, où parmi les quatre sœurs Makioka, le mariage de la dernière, Yukiko, forme la trame de toute l’histoire. Cela se passait en 1943, mais en 1979 une série télévisée de la regrettée Mukôda Kuniko intitulée Ashura no gotoku [Comme Asura] revient sur ce thème. Sur les quatre sœurs, une seule correspond à ce qu’il convient d’appeler “la norme” (mariée, deux enfants, femme au foyer), mais elle soupçonne son mari de la tromper et se laisse aller à voler à l’étalage… Une fracture insidieuse apparaît entre la norme et ce qui se passe réellement : le père des quatre sœurs a un enfant adultérin, la puînée est enceinte d’un boxeur sans être mariée, l’aînée, veuve, a un amant marié, bref on sent très fortement l’effondrement de ce qui correspondait à la bienséance, à l’image de la famille qu’on voulait donner… Je pense que, dès la fin des années 1970, l’ensemble relatif au mariage traditionnel commençait à être contesté et à apparaître comme un carcan. La prégnance du mariage renvoie au confucianisme et les deux livres de Sakai Junko en disent long sur le sujet. Le premier Makeinu no tôboe [Les hurlements de dépit des chiens battus, inédit en français] qui fut un super best-seller...