En publiant des mangas en France et au Japon, percevez-vous des affinités culturelles entre ces deux pays ? T. K. : Dans ce domaine, je pense de plus en plus qu’“être différent” n’est pas un problème dans les deux pays. On accepte ceux qui ont des difficultés ou qui ne fonctionnent pas comme les autres. “Etre différent” n’empêche pas de faire correctement son métier. Cela tient-il à votre expérience ? T. K. : En effet. J’ai toujours essayé de ne pas montrer qui j’étais réellement car je craignais que l’on me juge pour être sans morale. Je me suis efforcée de cacher mes différences. Mais mes lecteurs m’ont appris qu’ils acceptaient les auteurs sans juger leur vie et leur comportement original, même s’ils ont des failles. Ce n’est pas parce qu’un mangaka fait quelque chose de bizarre qu'on n'achète plus ses mangas. Les lecteurs nous restent fidèles. Que vouliez-vous cacher ? T. K. : Quand j’étais collégienne, je pensais souffrir d’un problème psychologique lié à des troubles neurologiques. Mes parents, n’ayant aucune connaissance dans ce domaine, ne m’avaient pas emmenée chez un spécialiste. J’étais instable sur le plan émotionnel et je souffrais par moments de dépression profonde. Je voulais donc cacher cette anormalité que j’avais trouvée en moi. Au Japon, à l’époque, les personnes instables étaient mises à l’index. Aujourd’hui, on a découvert que mon trouble était lié à mon physique. Je tombe facilement en état de déshydratation et mon taux de sucre dans le sang peut varier en raison d’un rein...