La catastrophe du 11 mars 2011 a bouleversé l’existence des jeunes de la cité portuaire. Témoignages. Il y a un peu de plus de trois ans, les lycéens préparaient leurs examens de fin d’année avec des rêves plein la tête. C’est à ce moment que sont survenus le séisme et le tsunami du 11 mars 2011. Leur environnement a non seulement changé, mais aussi l’avenir qu’ils avaient pu envisager. Tout en continuant à vivre avec des blessures émotionnelles dont ils ne parlent pas, ces jeunes doivent toutefois aller de l’avant. Nous avons fait le point avec deux d'entre eux sur ces trois années passées dans un lycée en préfabriqué. Abe Yûna (17 ans), Lycée d’études commerciales d’Ishinomaki “Ma vie de lycéenne, telle que j’avais pu l’imaginer, a été bouleversée par le tsunami”, raconte, le regard triste, la jeune fille qui a reçu son diplôme en mars dernier. Trois ans auparavant, Yûna, qui venait de réussir sa dernière année au collège Watanoha d’Ishinomaki, discutait chez elle avec ses amis de son entrée au lycée lorsqu’une violente secousse comme elle n’en avait jamais connue auparavant s’est produite. Après le retour de ses parents, elle a passé la nuit suivante au second étage du collège après le passage du tsunami. Le lendemain matin, elle a pu voir la dévastation qui avait frappé la ville et notamment le lycée où elle devait suivre sa scolarité. Le quartier de Matsubara où elle habitait avait été entièrement détruit. Sa perruche qu’elle adorait mais qu’elle n’avait pas pu emmener avec elle dans le centre d’évacuation interdit aux animaux avait péri. Sa vie de lycéenne a donc débuté dans le chaos. Comme le bâtiment du lycée pourtant facile d’accès pour elle n’était pas utilisable, la cérémonie de rentrée s’est déroulée, en mai, dans le gymnase municipal. Jusqu’à la mise à disposition de bâtiments préfabriqués, les cours se sont déroulés dans différents endroits de la ville en fonction de leur disponibilité. “Il y avait pas mal de contrainte de temps du fait que j’utilisais le bus de ramassage scolaire. Ça demandait chaque jour pas mal d’énergie”, se souvient-elle. C’est en décembre 2011, huit mois après la rentrée, que les nouveaux bâtiments préfabriqués du lycée ont été achevés. Les cours ont ainsi pu reprendre normalement jusqu’à la fin de l’année scolaire. “C’était ce que nous attendions, mais comme il s’agissait de constructions provisoires, le vent pénétrait facilement, les murs de séparation entre les classes étaient tellement fins que l’on pouvait entendre ce qui se disait dans la classe voisine. A chaque fois que j’étais confrontée à ce genre d’inconvénient, je me mettais à penser à ce qui ce se serait passé s’il n’y avait pas eu de séisme”, raconte-t-elle. A compter de 2012, elle a commencé à se rendre en train jusqu’au lycée, profitant de sa vie de lycéenne avec ses amis. Mais cette année fut déjà sa dernière au lycée. “J’ai passé trois ans ...