La culture populaire nippone nous envahit. Un essai s’interroge sur son rôle.
Paru initialement en 2008 de l’autre côté des Alpes, l’ouvrage de Marco Pellitteri a reçu de la Fondation du Japon, organisme officiel qui promeut la culture japonaise, des subventions pour être traduit en anglais et connaître une diffusion internationale. Cette décision en dit long sur l’intérêt que les autorités japonaises portent à la façon dont la culture populaire made in Japan est perçue, consommée et digérée à travers le monde. C’est justement l’objet de ce livre qui étudie d’un point de vue européen l’impact de la pop culture nippone. En un peu plus de 700 pages, il analyse de façon très convaincante comment la jeunesse européenne “est tombée” dedans, en mettant l’accent sur deux phases : 1975-1995 et 1996 à nos jours. La démonstration est d’autant plus efficace que l’auteur tente de prendre de la hauteur par rapport à ce qui a déjà été publié sur le sujet, offrant ainsi un regard frais sur la Japan Mania dont on nous parle chaque année avec insistance quand approche la Japan Expo. La lecture de ce travail universitaire n’a rien d’un pensum. Bien au contraire, dans la mesure où il ouvre des perspectives et soulève des questions intéressantes sur notre propre intérêt à l’égard de la culture de masse venue du Japon. On peut bien sûr regretter que le texte soit en anglais, mais il mérite qu’on fasse l’effort de s’y plonger et d’y lire entre autres un texte signé Jean-Marie Bouissou (qui devrait publier prochainement un ouvrage “référence” sur les manga) consacré à la bande dessinée japonaise en tant que “produit culturel global”. Reste à savoir ce que le Japon entend faire de cette force d’attraction. Marco Pellitteri pose la question, mais n’y répond pas.
Odaira Namihei
Référence :
Marco Pellitteri The Dragon and the Dazzle : Models, strategies and Identities of Japanese Imagination : A European Perspective, éd. Tunué, 28 € – www.tunue.com