De nombreux étrangers se sont installés au Japon au cours des dernières décennies. Beaucoup d’entre eux y ont travaillé. Les Japonais, désireux de mieux connaître leurs modes de vie et parfois de s’en inspirer, leur ont réservé un bon accueil. Et puis, il y a ceux qui sont arrivés avec l’envie de faire quelque chose de japonais. Leur parcours a été plus difficile, mais ils sont finalement parvenus à leurs fins. Voici leurs témoignages.
Certains sont déjà célèbres. D’autres ne le sont pas et ne cherchent pas à l’être. Certains vivent à Tokyo. D’autres ont choisi de s’installer loin de la capitale. Certains ont réussi à s’imposer facilement. D’autres ont dû galérer avant de connaître la reconnaissance. Ils ont cependant tous un point commun : ils sont tous attachés au Japon et ils ont tous réussi en définitive à maîtriser une spécialité japonaise qu’a priori aucun étranger n’aurait pu dominer tant les Japonais sont parfois enclins à considérer que seul un des leurs est capable d’avoir la sensibilité suffisante pour pouvoir brasser du sake, tailler des bonsaïs, faire de soba ou chanter du enka. Cela fait des années que des gaijin, littéralement des individus venus de l’extérieur, ont réussi à se faire accepter par la société japonaise.
Pas évident d’être reconnu pour ses talents
Quelques uns d’entre eux comme Carlos Ghosn, le patron de Renault-Nissan, sont même devenus des références, mais leurs compétences n’avaient rien de japonaises. Patrice Julien, ancien de l’Institut français de Tokyo, est devenu dans les années 1990 un des étrangers les plus populaires de l’archipel. Sa popularité, il la devait à sa qualité de Français et son talent pour diffuser des conseils sur le mode de vie à l’occidentale. On peut en citer beaucoup d’autres dans ce cas, mais ceux qui ont décidé de se plonger dans la culture et la tradition japonaises pour adopter des professions typiquement locales sont beaucoup plus rares. J’entends déjà les voix de ceux qui vont évoquer les lutteurs de sumo. C’est vrai. Depuis une bonne vingtaine d’années, on recense un grand nombre de sumotori étrangers. Il y a eu les Hawaïens, les Mongols et plus récemment les Russes, les Baltes et même un Finlandais. L’exception qui confirme la règle. Dans d’autres domaines, c’est beaucoup moins vrai. Demandez à Philip Harper, maître brasseur de saké à la brasserie Kinoshita, ou encore à son compatriote britannique Peter Warren qui a passé de nombreuses années à apprendre les techniques de taille pour les bonsaïs. Ces deux hommes, comme le Suisse Amen Godel qui a suivi les enseignements d’un des plus grands artistes du théâtre Nô, sont désormais reconnus par leurs pairs japonais qui ne font plus de différence et estiment que leur savoir-faire est aussi bon, voire supérieur à celui d’autres Japonais. Nous avons rencontré d’autres gaijin qui ont choisi eux aussi de relever le défi. Algérien, Turc, Australienne, Français ou Américain de naissance, ils ont tous un peu le cœur japonais. C’est leur histoire que nous vous proposons de raconter.
Odaira Namihei