Vous aimez la cuisine nippone ? L’apprécier, c’est aussi savoir l’évoquer… en japonais.
Aimer ou non le nattô n’est pas qu’une question d’odeur. C’est aussi une histoire de consistance, de texture. Comme tout ce qui concerne la nourriture au Japon, d’ailleurs. Le nattô, lui, comme le découvre Pipo dans un de ces moments de solitude qui laisse des traces, est gluant à souhait, collant, filandreux, visqueux… Étrangement, même ses adeptes n’ont pas de qualificatifs plus valorisant pour exprimer le plaisir que leur procure par sa texture la consommation de ce met décidément accusés de bien des vices. La texture… Un élément souvent négligé dans la cuisine française, source de perspectives culinaires nouvelles et multiples. Rechercher de nouvelles saveurs, c’est bien. Mais on en viendrait parfois à faire n’importe quoi, surtout quand la chimie s’en mêle. La cuisine japonaise a ça de bien qu’elle se permet de faire de la texture d’un aliment un critère de qualité au même titre que son goût. Les Japonais sont capables d’apprécier un plat uniquement pour sa consistance. La fadeur n’est pas un problème. La dégustation des udon ne sollicitent pas que le palais.
うどんは のどで 食べる。
Udon wa nodo de taberu.
Les udon se mangent avec la gorge.
Ça ne s’invente pas. Les papilles gustatives ont de la concurrence… D’où l’idée que la portée du terme oishii dépasserait celle de la traduction qui lui est naturellement donnée : bon. On serait alors prêt à rejoindre tous ces Japonais qui s’émerveillent à la première bouchée de tôfu, de mochi ou de konnyaku, des aliments dont la consistance en fait oublier toute la fadeur. Mais comment décrire ainsi toutes ces textures qu’offrent la gastronomie nipponne ? Il y a bien quelques qualificatifs : 柔らかい (yawarakai / moelleux, tendre) ou 固い (katai / dur). Parfois aussi un verbe, très facile à utiliser puisqu’il s’emploie alors seul et sans conjugaison : とける (tokeru / ça fond dans la bouche). Pourtant, ce sont les onomatopées qui, par leur spontanéité, expriment le mieux ce que la dent, la langue et le palais peuvent ressentir.
このパリパリのせんべいはおつまみにもぴったりです。
Kono pari pari no senbei wa otsumami ni pittari desu.
Ces galettes de riz croustillantes sont parfaites en amuse-gueules.
新鮮な大根はシャキシャキとした歯ごたえが特徴です。
Shinsen na daikon wa shakishaki to shita hagotae ga toku chô desu.
Les radis frais ont pour particularité de croquer sous la dent.
Croustillant, croquant… Des nuances souvent bien difficiles à rendre en français.
Pierre Ferragut
Pratique :
Le mot du mois
食欲 (shokuyoku) : appétit
聞いているだけで食欲がそそられます。
Kiiteiru dake de shokuyoku ga sosoraremasu.
Toutes ces paroles me mettent en appétit.