La langue japonaise aussi a ses dictons, ces formules parfois mystérieuses mais si riches de sens.
J’ai pu déjà, à plusieurs reprises, dans ces colonnes mettre en avant l’importance que revêtent tous nos sens dès lors que l’on entreprend de s’immerger dans une langue sans se contenter du cadre fatalement réducteur des manuels qui diminue et finalement appauvrit la portée de nos connaissances, amputées du vécu auquel elles se rattachent. Mais c’est aussi parce qu’il me semble plutôt intéressant d’appréhender la langue japonaise par le biais de la sensibilité. Sentir les choses puis les exprimer, et pas le contraire. « Ça vaut le coup d’essayer de trouver les mots pour se dire ce que l’on ressent dans l’existence », comme dit si bien Emmanuel Guibert, l’auteur du magnifique Japonais (Futuropolis, 2008). Et puis c’est la meilleure arme contre la ténacité de bien des préjugés. Aller voir sur place et se laisser porter par son regard en prenant la précaution de mettre de côté tout ce que l’on a pu entendre sur le Japon avant son arrivée, c’est s’en remettre à ses sens pour mieux se préserver des déceptions. Car comme le dit ce proverbe nippon, on n’est pas à l’abri d’une désillusion :
聞いて極楽、 見て地獄
Kiite gokuraku, mite jigoku.
A entendre, le paradis. A voir, l’enfer.
Ce dicton, qui illustre l’importance de voir par soi-même pour se faire une opinion, fait partie de ces innombrables petites formules dont certaines sont toujours aujourd’hui très présentes dans les conversations quotidiennes. D’un style souvent succinct, elliptique, elles sont un excellent moyen d’aborder la culture japonaise. Parmi les nombreuses publications en japonais qui leur sont consacrées, le formidable Kotowaza Ehon de Gomi Tarô (éditions Iwasaki Shoten, 1986, 2 tomes), où chaque proverbe est illustré par un dessin, reste encore aujourd’hui la meilleure approche.
笑う門には福来たる。
Warau kado ni wa fuku kitaru.
Le bonheur arrive à ceux qui rient.
可愛い子には旅をさせよ。
Kawaii ko ni wa tabi o saseyo.
Les voyages forment la jeunesse.
立つ鳥跡を濁さず。
Tatsu tori ato o nigosazu.
L’oiseau qui prend son envol ne laisse pas de traces derrière lui.
壁に耳あり、障子に目あり。
Kabe ni mimi ari, shôji ni me ari
Les murs ont des oreilles, les shôji (porte coulissante en papier) ont des yeux.
Quelques exemples parmi plus de 200 proverbes. Le meilleur reste toujours à découvrir…
Pierre Ferragut
Pratique :
Le mot du mois
ことわざ (kotowaza) : proverbe
新聞やテレビにはことわざが良く使われています。
Shinbun ya terebi ni wa kotowaza ga yoku tsukawarete imasu.
Les proverbes sont souvent utilisées dans les journaux ou à la télévision.