Disposant de matériels obsolètes, les responsables des forces aériennes d’autodéfense s’apprêtent à dépenser gros.
En décembre, le gouvernement japonais doit décider le remplacement des appareils qui équipent les forces d’autodéfense et dont la vétusté est devenue préoccupante. Au cours des derniers mois, plusieurs incidents ont obligé les responsables militaires à clouer de nombreux avions au sol, en raison de problèmes de sécurité. A tel point que, lors du passage en revue par le Premier ministre Noda, le 16 octobre, sur la base de Hyakuri dans la préfecture d’Ibaraki, les F-15 n’ont fait aucune démonstration en vol pour éviter qu’un incident ne se produise. Il va sans dire que cette question de défense aérienne devient cruciale pour le Japon, pays insulaire, qui doit faire face, de plus en plus, aux ambitions chinoises, mais aussi russes en Extrême-Orient. Depuis quelques années, la Chine populaire a nettement accru ses dépenses militaires, notamment dans le secteur aérien. La presse japonaise a rapporté ces derniers mois, souvent en première page d’ailleurs, les nouvelles acquisitions chinoises et le désir des militaires du continent de se doter d’avions furtifs parmi lesquels le Chengdu J-20 bien supérieur au matériel dont disposent actuellement les Japonais. On comprend donc pourquoi, à Tôkyô, on semble désormais prêt à déserrer les cordons de la bourse pour moderniser un secteur dépassé. Il faut dire que le F-15, qui est au cœur de la défense aérienne nippone, est un appareil dont le déploiement a commencé au début des années 1980. Le Japon en détient environ 200. Même s’ils ont été améliorés au fil du temps, ils sont considérés comme dépassés et incapables de répondre aux menaces à venir. Tôkyô aurait voulu acquérir le F-22 Raptor. Cet avion furtif est considéré aujourd’hui comme le meilleur sur le marché, mais les Etats-Unis ont décidé de ne pas l’exporter. Voilà pourquoi, les constructeurs étrangers comme Lockheed Martin communiquent dans la presse pour sensibiliser le public à leurs produits et aux enjeux de sécurité qui les entourent. Le sujet est d’importance, car l’activité militaire autour de l’archipel s’est intensifiée récemment. En 2010, les chasseurs japonais ont dû effectuer 386 décollages d’urgence, 25 % de plus que l’année précédente, pour répondre à des violations de l’espace aérien national par des appareils étrangers, principalement chinois et russes. Le sentiment de fragilité du pays renforcé par le séisme du 11 mars dernier incite donc les autorités à ne plus tergiverser sur les questions de défense. Le Japon n’entend pas se laisser marcher sur les pieds. Le message a le mérite d’être clair.
Gabriel Bernard