Restaurant branché, cet établissement propose une cuisine subtile et raffinée. Mais attention, l’addition est salée.
Nestor Burma, le détective privé imaginé par Léo Malet, n’aurait sans doute pas apprécié le lieu, en raison du décor un peu trop dépouillé, mais qui correspond à une certaine idée que l’on se fait de la décoration intérieure contemporaine japonaise. Le restaurant Kai, situé rue du Louvre, n’est pas très loin de la rue des Petits-Champs où le personnage de Malet avait installé son agence Fiat Lux. Nestor Burma en enquêteur de choc aurait été intrigué par cet établissement auquel la devanture marron et la belle porte en bois massif clair donnent un air mystérieux. Le héros des Nouveaux mystères de Paris, poussé par la curiosité, aurait alors tiré la porte et découvert une petite salle achalandée et remplie de la conversation de clients visiblement satisfaits. En voyant passé sous ses yeux les bentô généreux préparés par le chef Nakamura Eiji, Burma aurait baissé la garde et cherché une place libre pour y prendre son repas. Prudent, il aurait choisi de s’asseoir à la grande table à gauche de façon à pouvoir observer les cuisiniers s’affairer et Kitada Yoshikazu, le patron de ce restaurant qui accueille une clientèle exigeante et curieuse de goûter une cuisine japonaise raffinée, mais pas prétentieuse. Efficace, il aurait posé quelques questions pour apprendre que Kai a ouvert ses portes en octobre 2005 et attire principalement des clients français. En regardant la carte, il aurait compris qu’il lui faudrait régler quelques affaires rapidement pour amortir le prix du repas. Mais en voyant sa voisine recevoir son shôkadô bentô avec ses cases remplies de mets appétissants, il aurait lui aussi accepté de débourser dans les 40 euros pour en savourer un. L’avantage de ce plateau repas, c’est de pouvoir goûter un peu de tout et se familiariser avec la cuisine subtile du chef Nakamura. Arrivé il y a deux ans à Paris, il a fait ses classes à Ôsaka et dans la préfecture de Yamaguchi dont il est originaire. Ce cuisinier, qui a toujours été employé dans des restaurants japonais, aime travailler le poisson. Ses sashimi font l’unanimité à la table de l’autre côté de la salle. Il y a aussi les tempura et le tonkatsu (porc pané) qui valent, dit-on, le déplacement. Installé derrière le comptoir, M. Kitada est la tour de contrôle. Il s’assure que tout se passe bien. Il aurait peut-être estimé que Burma jurait un peu dans son restaurant, mais il lui aurait souri au moment de l’addition. Cette dernière peut être élevée, en particulier le soir où il faut compter entre 69 et 120 euros. Mais pour ce prix-là, on peut goûter des plats plus rares qui enchanteront les papilles. Un peu trop cher pour Burma, mais peut-être pas pour les détectives de l’agence Duluc qui, eux, existent vraiment et travaillent dans les étages situés juste au-dessus de Kai.
Gabriel Bernard
Pratique pour s’y rendre :
18, rue du Louvre 75001 Paris.
Tél. 01 40 15 01 99 – 12h30-14h15 et 19h30-22h30. Fermé le dimanche.