Il y a un an, le quotidien d’Ishinomaki, au nord de Sendai, a fait un travail exemplaire que nous voulons faire connaître.
Si vous êtes un lecteur attentif et fidèle de Zoom Japon, vous devez vous souvenir de notre numéro 11 de juin dernier dans lequel nous nous étions intéressés au rôle de la presse locale lors du séisme du 11 mars 2011. Nous avions alors attiré votre attention sur le quotidien Ishinomaki Hibi Shimbun publié dans la cité portuaire d’Ishinomaki depuis 99 ans. Le tremblement de terre et le tsunami qui a suivi a fait plus de 3000 morts dans cette ville et de nombreux quartiers ont été détruits. La zone industrielle où est implanté ce journal a elle aussi été submergée avec pour conséquence immédiate pour lui l’impossibilité d’imprimer quoi que ce soit. Plutôt que de baisser les bras et renoncer à faire leur métier de journaliste, les membres de la petite rédaction ont décidé de produire un quotidien entièrement réalisé à la main et diffusé dans les centres d’évacuation et les quartiers les moins sinistrés. L’objectif était d’assurer un lien certes ténu, mais essentiel pour une population traumatisée. Pendant six jours, ils ont écrit et placardé cette édition spéciale, contribuant ainsi à entretenir l’espoir. Ce terme, kibô en japonais, est d’ailleurs utilisé pour la première fois dans le dernier numéro de cette série exceptionnelle. Touché par ce comportement exemplaire, l’équipe de Zoom Japon a cherché un moyen de rendre hommage au travail accompli par l’Ishinomaki Hibi Shimbun et de le faire connaître. C’est aujourd’hui chose faite avec la publication d’un supplément à ce numéro de mars 2012 qui revient sur la mission, shimei en japonais, que s’était assignée l’équipe de ce journal et s’interroge sur le rôle des médias en cas de catastrophe majeure. Cinq plumes japonaises ont accepté de contribuer à cette réflexion. L’autre volet de l’hommage est l’exposition des six journaux muraux au Musée Guimet du 10 mars au 15 avril. Ils seront accompagnés de photos prises par notre collaborateur Eric Rechsteiner quelques jours après le tsunami afin de mieux appréhender le contexte dans lequel l’initiative de l’Ishinomaki Hibi Shimbun a été menée. Un rendez-vous à ne pas manquer et à diffuser le plus largement possible.
Odaira Namihei