Six mois après sa sortie au cinéma, La Colline aux coquelicots bénéficie d’une seconde chance en vidéo.
Sorti dans les salles obscures en janvier dernier, La Colline aux coquelicots de Miyazaki Gorô est désormais disponible en DVD et Blu-Ray. S’il n’a pas connu le succès des films signés par Miyazaki père, cette production des studios Ghibli démontre toutefois une évolution dans les thématiques abordées, lesquelles accordaient plus de place à la dimension fantastique. Avec ce long métrage réalisé par le fils de Hayao, l’ancrage dans la réalité est plus net même si elle a tendance à être un peu sublimée. Bien que Miyazaki Gorô s’en défende, La Colline aux coquelicots appartient tout de même à cette vague de productions qui décrivent avec plus ou moins de justesse les années 1960 dans l’archipel. Depuis un peu moins d’une décennie, les Japonais plébiscitent les films qui leur rappellent cette époque révolue où leur pays à peine sorti de la guerre s’était lancé dans sa reconstruction avec un certain entrain. En témoigne le succès de la série Always, san chôme no yûhi [Always, soleil couchant sur le quartier de san chôme] dont le troisième volet, qui se déroule en 1964 au moment des Jeux Olympiques de Tôkyô, est sorti il y a quelques semaines.
Les Jeux olympiques sont très présents au travers des slogans ou d’affiches dans le film de Miyazaki qui décrit une époque pleine d’espoir et de rêves. Deux éléments qui font, semble-t-il, défaut au Japon en ce début de XXIème siècle. Il y a l’espoir d’un amour entre Umi et Shun, même si leur histoire s’annonce au départ compliquée. Il y a le rêve des lycéens de sauver leur foyer en bien mauvais état et voué à la destruction. Il y a l’espérance de lendemains qui chantent pour un pays qui ne rechigne pas à l’effort. Miyazaki joue parfaitement avec ces deux éléments tout au long du film de telle manière qu’on ressort ragaillardi après la projection. Le jeune réalisateur est un générateur d’ondes positives qui amènent le spectateur à voir le monde avec un peu plus d’optimisme. Dans le Japon de l’après 11 mars, c’est d’autant plus indispensable que bon nombre de Japonais comparent les événements du printemps 2011 au choc subi après la défaite de 1945. Au lendemain du conflit, le cinéma avait joué un rôle important dans la création et l’entretien d’une forme d’optimisme dans le pays. Parmi les productions phares de l’époque, on peut citer Aoi sanmyaku [Les Montagnes vertes, 1949] d’Imai Tadashi dont la chanson du générique disait “Adieu vieille veste, adieu rêves tristes, nous nous tournons vers les nuages roses et les montagnes vertes”. A sa façon, Miyazaki Gorô renoue avec ce genre de film qui donne la pêche au public quel que soit son âge. Chacun peut en effet y trouver sa part de rêve.
L’édition vidéo devrait ravir celles et ceux qui ont apprécié le film puisqu’en bonus ils pourront avoir accès à l’intégralité du film dans sa version “story-board animé”. Les possesseurs de Blu-Ray seront, quant à eux, encore plus chanceux avec une multitude de bonus dont des reportages et les discours de présentation du film prononcés par Miyazaki Hayao et Gorô. C’est un excellent film qui permet de saisir une période clé de l’histoire contemporaine du Japon que l’on connaît somme toute assez mal en Europe, mais qui continue à faire rêver les Japonais cinquante ans plus tard.
Odaira Namihei
Référence :
La colline aux coquelicots de Miyazaki Gorô (2011, 91 mn), éd. Studio Ghibli. Sortie le 4 juillet en DVD (19,99€), en Blu-Ray (24,99€).