Disponible dans les bonnes librairies à partir de septembre, Gohan est un ouvrage utile et sympathique. Bon appétit.
Sous l’impulsion de Patrick Duval, les éditions Thema Press poursuivent leur petit bonhomme de chemin et contribuent à leur manière à une meilleure connaissance de la gastronomie japonaise. Après avoir dans un premier temps dressé la liste des restaurants japonais en France et en Europe dans un petit guide intitutlé Itadakimasu et récemment avoir demandé à 33 chefs français d’inventer des sushi pour venir en aide aux victimes du tsunami de mars 2011 avec Sushi Solidaire, l’éditeur propose un livre de recettes pas tout à fait comme les autres. Gohan, c’est son titre, désigne à la fois le riz et le repas en japonais, mais c’est aussi le nom d’un personnage de la fameuse série Dragon Ball. Un titre qui ne doit rien au hasard puisque l’objectif est d’offrir aux lecteurs français le premier livre de recettes en manga. En confiant la réalisation des dessins au mangaka franco-japonais Hugo Yoshikawa et en faisant appel au chef Hashida Daizo pour la conception des recettes, Thema Press a réussi un joli coup. Le résultat de ce mélange inédit en France est plutôt réussi, car il donne accès à une cinquantaine de plats typiquement japonais, expliqués de façon très pédagogique grâce aux deux personnages qui participent à cette aventure. Il n’était sans doute pas évident de se lancer dans une telle aventure dans la mesure où l’on est habitué à avoir entre les mains de beaux livres avec de magnifiques photos pour expliquer telle ou telle recette. Avec Gohan, les auteurs parviennent à nous convaincre que la cuisine japonaise n’est pas aussi difficile à réaliser qu’il n’y paraît de prime abord. Lorsqu’on manipule les beaux livres de recettes parus ces dernières années, il y a forcément un complexe d’infériorité qui s’instaure avant même de commencer à cuisiner. Le lecteur sait parfaitement qu’il ne parviendra pas au même résultat que le plat figurant sur la belle photographie. Les auteurs de Gohan démythifient la cuisine japonaise et permettent au cuisinier amateur de tenter ce qu’il aurait eu beaucoup de mal à entreprendre avec un autre ouvrage. Si a priori l’ouvrage s’adresse à un jeune public, le parti pris du tutoiement y est pour beaucoup, les adultes auraient tort de le négliger, car derrière son côté manga, on trouve le sérieux d’un grand chef qui expose de façon claire et précise toutes les étapes conduisant à la réalisation d’un menu complet japonais. De l’entrée au dessert, il est donc possible de se lancer sans prendre de gros risques. C’est la cuisine de tous les jours qui tient la vedette. Pas question de cuisine sophistiquée ou de plats impossibles, mais d’un bon tonkatsu (porc pané), de tori no karaage (beignets de poulet), de tempura (beignets à la japonaise), de wafû hamburg (Hamburger à la japonaise) ou encore de suzuki no shioyaki (bar grillé au sel). Rien qu’en écrivant et en lisant le nom de ces plats, l’eau nous vient à la bouche. Une seule envie après avoir feuilleté Gohan, c’est de se précipiter dans une épicerie spécialisée (liste donnée à la fin de l’ouvrage), d’acheter les ingrédients nécessaires et de se lancer dans l’aventure. C’est tout aussi palpitant qu’un bon manga. Et en suivant les conseils prodigués, vous deviendrez assurément un héros aux yeux de vos amis qui n’en reviendront pas. La cuisine japonaise n’a jamais été aussi abordable.
Gabriel Bernard
Bibliographie :
Gohan de Hugo Yoshikawa et Hashida Daizo, éd. Thema Press, 15 €. www.wasabi.fr