Les Japonais sont appelés à élire leurs représentants pour la première fois depuis le 11 mars 2011. Les enjeux sont énormes.
Le 16 novembre, Noda Yoshihiko, le Premier ministre, a mis fin au suspense, en annonçant la dissolution de la Chambre basse et l’organisation d’élections générales anticipées le 16 décembre prochain. Cela faisait plusieurs semaines que le sujet dominait les conversations et chacun se demandait à quel moment le chef du gouvernement finirait par trancher. Il a finalement pris ses responsabilités, connaissant les risques de défaite que le scrutin comporte pour sa formation politique, le Parti démocrate (PDJ) au pouvoir depuis fin août 2009. En effet, le parti, qui avait infligé une défaite cuisante au Parti libéral-démocrate (PLD), est aujourd’hui dans une situation particulièrement difficile, en raison notamment de la loi sur l’augmentation de la taxe à la consommation qu’il a réussi à faire voter malgré une opposition très forte de l’opinion publique. Cette question devrait peser très lourd dans la balance dans la mesure où le prochain gouvernement aura pour tâche de déterminer la date à laquelle la loi entrera en vigueur. Autre sujet sensible et peu favorable au PDJ, le TransPacific Partnership (TPP), traité de libre-échange auquel le gouvernement de M. Noda a décidé d’adhérer sans prendre le temps d’expliquer les bouleversements que cet accord aurait sur le fonctionnement même du pays (voir Zoom Japon n°16). L’opacité des négociations a donné lieu à de nombreuses critiques et suscité une méfiance importante parmi la population. Dès lors, la question du TPP occupera une grande partie des débats pendant la campagne électorale qui commence le 4 décembre. Le nucléaire sera également dans toutes les têtes même si le sujet risque d’être éludé par la plupart des responsables politiques dans la mesure où les centrales nucléaires constituent un élément souvent crucial au niveau local. Sources de financements publics et d’emplois, les installations nucléaires ne peuvent pas être abandonnées du jour au lendemain de peur de rompre un équilibre économique entièrement fondé sur leur présence. C’est la raison pour laquelle le PLD a soigneusement évité de prendre position sur l’arrêt définitif des centrales ou leur remise en route. Le parti conservateur, qui a toutes les chances de reprendre la direction du pays sait qu’il faut être prudent à ce sujet pendant la campagne dans la mesure où une partie de l’opinion (souvent citadine) souhaite une sortie du nucléaire et que de nombreux électeurs au niveau local veulent maintenir les centrales pour préserver l’emploi. Si l’on ajoute les tensions avec la Chine ou encore la question des bases américaines à Okinawa, on comprend l’importance du scrutin. Plus d’une douzaine de partis seront représentés lors du scrutin. Parmi eux, des formations dont le discours populiste pourrait faire des ravages. Voilà pourquoi les électeurs doivent pouvoir bénéficier d’une information claire sur les intentions des différents partis afin de sortir d’une situation de blocage qui pénalise l’ensemble du pays.
Gabriel Bernard