Après avoir fait de l’exportation du manga et de l’animation une de leurs priorités, les autorités misent sur l’industrie musicale.
Début février, une des grandes chaînes privées de télévision japonaise consacrait un long reportage à la présence en France de Kyary Pamyu Pamyu, la chanteuse qui incarne sans doute le mieux aujourd’hui la montée en puissance de la musique japonaise à l’étranger. La jeune femme, telle une grande vedette internationale, a suscité l’enthousiasme du public venu nombreux l’applaudir à La Cigale. Sa présence à Paris coïncide avec le désir des autorités japonaises de faire de la musique une nouvelle arme d’exportation massive après le manga et les films d’animation. L’Organisation japonaise du commerce extérieur (Jetro) contribue activement à la promotion de l’industrie musicale nippone depuis plusieurs années comme le confirme Watanabe Shigenobu, son directeur-général adjoint en France. “Nous apportons particulièrement notre soutien à l’industrie créative pour développer des canaux de vente sur les marchés étrangers. La participation au Midem qui a eu lieu à Cannes en janvier 2013 constitue une des facettes de notre engagement aux côtés des professionnels japonais pour qu’ils puissent avoir une meilleure reconnaissance au niveau international. Le Midem est un des plus grands salons de la musique dans le monde et des professionnels du monde entier s’y rendent. De plus, la France apprécie la culture populaire japonaise comme le montre le succès de la Japan Expo. Elle a en outre une grande capacité de diffusion culturelle et une influence importante sur le marché mondial. Nous pensons que notre participation au Midem est une mission importante et notre réussite à ce salon l’est tout autant”, explique-t-il. Cet engagement public satisfait les entreprises japonaises qui commencent à saisir toute l’importance d’être présentes sur des marchés extérieurs dans la mesure où la tendance est à la baisse au niveau local. En 2002, l’industrie musicale générait un revenu annuel de 481,5 milliards de yens. Dix ans plus tard, il atteint péniblement les 282 milliards. Evidemment, le Japon n’est pas le seul pays à connaître cette évolution, mais à la différence des Anglo-Saxons, par exemple, les musiciens japonais restent encore discrets à l’étranger. “C’est très important pour nous de pouvoir compter sur le soutien des autorités japonaises dans notre démarche pour mieux faire connaître les artistes japonais dans le reste du monde”, assure Matsui Sôta, l’un des représentants du label Hats Unlimited, présent sur le stand du Japon au Midem. Cela permet notamment de promouvoir les collaborations entre artistes nippons et étrangers. “Nous discutons actuellement avec Warner Music France pour le violoniste Hakase Tarô et le ténor Amaury Vassili qui travaillent ensemble”, ajoute-t-il satisfait des perspectives qui s’offrent à son entreprise dans le domaine de la promotion des artistes japonais. Il reconnaît que sa société est peut-être mieux placée que les autres dans la mesure où elle ne représente que des musiciens. La barrière de la langue peut être encore un obstacle. Pour Watanabe Shigenobu du Jetro, l’important est de mettre en avant des artistes de qualité et c’est cela qui permettra de gagner des parts de marché. “Dans le domaine musical, le Japon propose une musique attractive et raffinée avec un grand éventail de styles. De la pop au rock, en passant par le jazz ou la musique tirée des génériques de dessins animés, l’offre est grande. Même si certaines musiques sont populaires à l’étranger, la production musicale made in Japan reste encore un marché de niche. C’est pourquoi, dans le cadre de la stratégie plus globale de notre politique de promotion du Cool Japan, nous entendons poursuivre nos efforts pour lui permettre d’être encore plus diffusée dans le reste du monde”. Un volontarisme qui devrait satisfaire Kyary Pamyu Pamyu laquelle pourra peut-être un jour remplir Bercy.
Odaira Namihei avec Yamada Yôko