Pour certaines personnes, il est difficile d’envisager de vivre autrement que dans une share house.
Cocoya Shibuya Usuki est une maison de deux étages avec quatre chambres. Elle se situe à proximité de la gare de Shibuya et n’est occupée que par des femmes. Elles sont onze à y vivre dont deux sont originaires de Corée du Sud. L’une d’elles a accepté de répondre à nos questions. Elle s’appelle Ogawa Junko et travaille comme comptable dans une maison de commerce à Tôkyô.
Depuis combien de temps vivez-vous ici ?
Ogawa Junko : J’ai emménagé en septembre dernier lorsque la maison a été inaugurée. Avant j’avais vécu dans une autre colocation située tout près d’ici. Mon expérience en la matière est assez longue puisque j’ai commencé lorsque j’étais étudiante.
Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans la colocation ?
O. J. : J’ai passé un an en Australie pendant mes études et j’ai remarqué que personne ne vivait seul. Tous les étudiants étaient en colocation. Alors j’ai fait la même chose. Par la suite, je suis devenue membre d’une association et je me suis retrouvée à partager le même toit avec d’autres. J’ai pris l’habitude de partager mon espace de vie avec les autres et il m’est donc difficile de vivre seule désormais. C’est agréable de rentrer à la maison et de trouver quelqu’un avec qui je peux discuter. Nous organisons des fêtes ensemble, nous sortons ensemble et il nous arrive d’organiser de temps en temps des week-ends en dehors de Tôkyô. Cela me permet aussi de vivre au cœur de la capitale pour un loyer modeste. Cette maison est très proche des quartiers branchés de Daikanyama et Ebisu. C’est parfait quand je veux faire du shopping ou me distraire. Et puis, si vous avez la chance d’avoir une colocataire qui vient de l’étranger, il devient alors possible d’en apprendre plus sur sa culture voire de commencer à apprendre une nouvelle langue. Par le passé, j’ai vécu avec des personnes originaires de pays anglo-saxons, ce qui m’a permis d’améliorer nettement mon anglais.
J’ai remarqué qu’il n’y avait que deux salles de bain et deux wc dans cette maison où vivent 11 personnes. N’est-ce pas insuffisant ?
O. J. : Non. La plus jeune des colocataires a 19 ans, la plus âgée 33 ans. Nous avons chacune nos habitudes et notre emploi du temps. C’est rare qu’il y ait la cohue. La seule exception, c’est le samedi soir quand nous organisons des soirées. Nous allons nous coucher à peu près à la même heure, mais ça ne pose pas de gros problèmes.
Est-ce que cette colocation ressemble à celle où vous étiez avant ?
O. J. : Celle d’avant était plus grande. Il y avait notamment un grand living de 35 mètres carrés. Elle était mixte alors que Cocoya Shibuya Usuki est réservée aux femmes.
Je suppose que la mixité favorise l’éclosion de relations amoureuses comme dans la série Share house no koibito.
O. J. : Il n’y a pas de règle en la matière. Avant de vivre dans une share house, j’avais déjà vécu dans un environnement mixte et les relations n’avaient jamais dépassé le stade de l’amitié. Ça m’est arrivé une seule fois d’avoir une aventure avec un étranger qui vivait sous le même toit. Le problème, c’est qu’il est difficile de continuer à vivre sous le même toit si vous rompez. C’est pourquoi il n’y a pas autant d’histoires d’amour qu’on peut le penser. Parfois les gens cherchent à cacher leur relation amoureuse de peur que les autres colocataires se sentent gênées ou n’apprécient pas la situation.
Cela dit, je connais un couple qui s’est rencontré dans une colocation. Ils sont tombés amoureux, se sont mariés et continuent à vivre au même endroit. Mais plus qu’une occasion de tomber amoureux, la colocation permet de créer une grande famille dont les liens durent longtemps y compris quand certaines personnes déménagent ou quittent le pays.
Propos recueillis par Gianni Simone