Cinquante-six ans après avoir organisé les JO de 1964, la capitale japonaise espère pouvoir les accueillir une nouvelle fois.
Le 7 septembre prochain, le Comité international olympique (CIO) réuni à Buenos Aires désignera la ville qui organisera les Jeux de la XXXIIe Olympiade de l’ère moderne en 2020. Un moment important pour Tôkyô qui s’est mobilisée pour constituer un dossier solide face à ses deux concurrentes Istanbul et Madrid. Mizuno Masato, vice-président du Comité olympique japonais, a répondu à nos questions sur la candidature de la capitale japonaise et ses chances d’être choisie par le CIO.
Par rapport à toutes les autres villes candidates, pouvez-vous détailler les deux principaux points forts de Tôkyô ?
Mizuno Masato : Ce que je peux vous dire c’est que je respecte les deux autres villes candidates et je trouve que ce sont des villes formidables. Je ne peux pas faire de comparaison entre les villes candidates.
En ce qui concerne la candidature de Tôkyô 2020, notre vision pour cet événement est claire. Nous garantissons une compétition superbe qui aidera à promouvoir les valeurs olympiques auprès des jeunes générations en cette période pleine de changements et de défis. Notre candidature possède de nombreux atouts, il est donc très difficile de n’en choisir que deux. En fait, je pense que la candidature de Tôkyô 2020 repose sur trois atouts principaux :
– Réalisation : Tôkyô est digne de confiance dans un contexte d’incertitude.
– Célébration : Tôkyô accueillera une incroyable fête au centre de la métropole, grâce à l’organisation des premiers Jeux en plein “cœur de la ville”.
– Innovation : Tôkyô mettra toute sa créativité et ses connaissances au bénéfice du sport dans le monde entier.
Je suis convaincu que, si Tôkyô accueille les Jeux en 2020, cela sera une démonstration magistrale du pouvoir et des valeurs du sport, qui valorisera le parcours des athlètes et renforcera la place du sport et de l’Olympisme dans le monde actuel, contribuant ainsi à la promotion du Mouvement olympique.
En 1964, lorsque Tôkyô avait accueilli les Jeux olympiques pour la première fois, ces derniers symbolisaient le retour du Japon parmi les grandes nations industrialisées. Cela avait été l’occasion de montrer la technologie japonaise avec notamment le shinkansen (train à grande vitesse). En 2020, que symboliseront ces Jeux olympiques d’après vous si Tôkyô obtient leur organisation ?
M. M. : Si Tôkyô accueille les Jeux en 2020, cela signifiera beaucoup pour la communauté sportive japonaise, mais aussi pour l’ensemble des Japonais. Cela permettra notamment à notre pays de renforcer ses relations internationales, de promouvoir le sport, et à l’instar des Jeux de 1964, cela permettra d’inspirer une nouvelle génération.
Le nouveau stade national, en construction à l’emplacement du stade olympique de 1964, représentera un héritage tangible au cœur de la ville. Ce nouveau stade ultramoderne sera prêt en 2019 et sera le premier stade olympique doté d’un toit rétractable. Il combinera l’héritage historique avec la capacité à innover de notre pays et il constituera un héritage utile pour les manifestations sportives nationales et internationales à venir. Au total, 11 sites permanents – y compris le Stade national– seront construits pour apporter des avantages à long terme aux habitants de la capitale.
Enfin, je pense que les Jeux de 2020 démontreront véritablement notre engagement auprès de la Communauté olympique et de ses valeurs, en offrant au Mouvement olympique une puissante plateforme internationale à un moment clé de son histoire. Si nous accueillons les Jeux en 2020, nous offrirons un acquis durable à Tôkyô, mais aussi au Japon et au Mouvement Olympique.
A combien estimez-vous le coût de l’organisation des Jeux ? Quelles retombées économiques en attendez-vous ?
M. M. : Notre candidature est financièrement très solide notamment grâce aux vastes ressources garanties par le gouvernement métropolitain de Tôkyô – qui a déjà mis en place un fonds de réserve de 4,5 milliards de dollars – et au fort soutien des entreprises japonaises. Quant aux retombées économiques, les prévisions sont très positives. Par exemple, d’après une étude menée par la ville de Tôkyô, le surplus d’activités généré pour notre pays est évalué à 38 milliards de dollars. Une fois leurs coûts pris en compte, les Jeux de Tôkyô de 2020 auront un impact positif net sur l’économie japonaise. L’étude estime également que plus de 150 000 emplois seront créés. Tôkyô et le Japon bénéficieront sans aucun doute de ces Jeux Olympiques.
La question environnementale est un point important dans le dossier de candidature. Sur ce point précis, quels sont les atouts de Tôkyô? Ne pensez-vous pas que l’accident de Fukushima aura un effet négatif sur votre dossier de candidature ?
M. M. : Les Jeux Olympiques de Tôkyô 2020 encourageront les exigences environnementales les plus élevées dans une ville considérée comme un modèle en matière de développement urbain durable. Nous veillerons à l’implantation de sites minimisant les impacts et les dépenses énergétiques. De plus, nous avons pour objectif de livrer des Jeux “zéro déchet” basés sur le concept des 5R – Réduire, Réutiliser, Recycler, Récupérer de l’énergie et Restaurer la nature urbaine.
Concernant l’accident de Fukushima, les taux de radioactivité dans l’air et dans l’eau à Tôkyô sont inférieurs aux normes internationales. Je crois fermement qu’il n’y aucun risque pour la population ou les visiteurs de Tôkyô. Il y a actuellement plus de 35 millions de personnes qui y vivent de façon tout à fait normale. Notre ville est l’une des plus sûres au monde, avec des infrastructures parfaitement développées et en constante amélioration. Nous sommes prêts à accueillir des Jeux superbes – et sûrs – en 2020.
En tant que vice-président du Comité olympique japonais, quel regard portez-vous sur le sport au Japon ? Y aura-t-il un programme particulier pour préparer les athlètes japonais en vue des Jeux Olympiques de 2020, s’ils sont organisés à Tôkyô, comme cela avait été le cas en 1964 ?
M. M. : Le paysage sportif japonais est en excellente forme. Nos athlètes obtiennent de très bons résultats dans les compétitions nationales et internationales. Par exemple, aux Jeux Olympiques de Londres en 2012, nous avons remporté un record de 38 médailles dans 13 compétitions et avons terminé en sixième position du tableau des médailles. Mais je crois que la force de notre paysage sportif réside également dans l’immense passion des Japonais pour le sport, particulièrement pour les Jeux Olympiques et Paralympiques.
En ce qui concerne le programme d’entraînement pour nos athlètes, aucune annonce n’a été faite pour le moment. Toutefois, je peux vous dire que tous les membres de notre équipe nationale pour les Jeux de 2020 feront de leur mieux pour mettre à profit leurs capacités. Et, j’espère sincèrement qu’ils pourront participer aux Jeux Olympiques et Paralympiques de 2020 dans leur pays natal.
Propos recueillis par Odaira Namihei