Je rêvais de voyager en France par le train, en contemplant ses paysages champêtres comme je la voyais dans sekai no shasô kara [Le monde vu du train], mon émission télé préférée au Japon. J’ai rapidement pu réaliser ce rêve. Dès mon arrivée à Paris, je me suis retrouvée sur un quai de la gare d’Austerlitz à côté d’un train allant à Tours, ma destination finale. Dans le wagon que j’avais choisi au hasard, des places réservées et libres étaient mélangées (ce qui n’est pas le cas au Japon). Je n’avais pas à paniquer. Comme il était écrit dans mon guide, je n’avais qu’à chercher attentivement une place ne portant pas de plaque “réservée” et tout irait bien. Mais en réalité, j’étais vraiment stressée par ce premier voyage en solitaire dans un pays étranger. Je me suis alors posée des questions sur le fait qu’il n’y avait pas de contrôle de billet ou que tous les sièges n’étaient pas mis dans le sens de la marche ! Deux heures et demie de route ne me paraissait pas long et comme mon guide disait qu’il n’y avait pas d’annonce qui nous informe la gare suivante, pendant tout ce trajet, je n’arrêtais pas de regarder ma montre, l’horaire du train et le nom de la gare desservie. Arrivée à Tours, la joie d’y être parvenue a effacé un petit souci que j’avais eu : le train avait une quinzaine de minutes de retard. Nous étions en 1989.
Un quart de siècle a passé et l’époque a changé. Néanmoins, ma France nous laisse encore monter dans le train sans billet en nous envoyant plus tard des contrôleurs sans pitié, on ne peut toujours pas tourner les sièges selon le sens de la marche de train et on n’est jamais sûr que le train parte et arrive à l’heure. Cela dit, j’ai beaucoup contemplé par ma fenêtre les paysages champêtres, et même les gares. Enfin, ce dont je rêve aujourd’hui, c’est qu’il n’y ait pas de grève des cheminots le jour où je pars en vacances.
Koga Ritsuko