Le patron du Parc de prévention des catastrophes de Tôkyô Rinkai rappelle les quelques mesures de bon sens.
Selon les autorités japonaises, il y a 70 % de risques que Tôkyô vivent un séisme de grande ampleur au cours des trente prochaines années. Du fait qu’il n’existe pas vraiment d’endroits sûrs dans l’archipel, il ne reste que deux alternatives face à cette éventualité. La première est de quitter le pays, la seconde consiste à se préparer au mieux à faire face à ce type d’événement. Voilà pourquoi Zoom Japon a rencontré Yamazaki Jun’ichi qui dirige le Parc de prévention des catastrophes naturelles de Tôkyô Rinkai.
“Il y a un certain nombre de choses que l’on ne peut pas contrôler, reconnaît M. Yamazaki, mais nous pouvons prendre un certain nombre de mesures qui permettront de nous protéger, notamment au niveau de notre habitation”. Pour étayer son propos, il nous conduit dans un bâtiment du parc où deux pièces identiques ont été aménagées, mais l’état de chacune d’entre elles est bien différent. Il s’agit de montrer comment une maison réagit à un séisme important. “En 1995, Kobe a connu un tremblement de terre désastreux qui a coûté la vie à 6 500 personnes. Beaucoup d’entre elles ont été tuées par l’effondrement de bâtiments, mais l’autre grande cause de mortalité a été la chute de meubles lors de la secousse. C’est à ce niveau que nous pouvons agir pour prévenir ce genre d’accidents. Il faut, par exemple, fixer au mur les meubles afin d’éviter qu’ils ne tombent. Par ailleurs, si vous disposez un grand meuble près d’une porte, il y a des chances qu’il vous empêche de sortir s’il venait à tomber en cas de séisme. Installer une étagère au-dessus de votre lit est aussi une source de danger. La cuisine est un endroit particulièrement dangereux, car on y trouve beaucoup de vaisselles et de verres. Même le réfrigérateur peut se transformer en un objet mouvant mortel”, explique-t-il.
Nous le suivons ensuite dans un autre secteur constitué d’un diorama.
Sur la porte d’une supérette, on découvre un étrange autocollant. “Il signifie qu’on est en mesure ici d’apporter de l’aide en cas de catastrophe d’ampleur”, raconte Yamazaki Jun’ichi. Dans les quartiers centraux des grandes villes comme Tôkyô et Yokohama, il y a une grande différence entre la population qui s’y trouve dans la journée et celle du soir. La plupart des gens résident ailleurs. Dans la plupart des quartiers, les abris ont été conçus en fonction des résidents. En cas de force majeure, il faut être en mesure de gérer ceux qui ne vivent pas là. Il est donc indispensable de pouvoir compter sur l’aide de supérettes, de stations-service voire de restaurants qui se sont portés volontaires pour offrir leur aide sous forme d’eau, de relais d’information concernant les secours.
Nous regardons ensuite un film qui simule un violent tremblement de terre à Tôkyô. Il est 18h et la ville va bientôt être plongée dans le noir à l’exception des endroits où des incendies se sont déclarés. Tout le trafic est paralysé. Des bâtiments et des infrastructures sont sérieusement endommagés. “Le problème avec les feux, c’est que leur nombre rend extrêmement difficile le travail des pompiers, souligne M. Yamazaki. Un autre problème est que le premier réflexe de beaucoup de gens est de rentrer chez eux. Cela pose malheureusement beaucoup de problèmes comme la congestion de la circulation qui rend plus compliqué le travail des sauveteurs. Donc idéalement tous ces gens bloqués loin de chez eux devraient rester à l’endroit où ils se trouvent et se diriger vers le site d’évacuation le plus proche”.
“Un autre problème connexe est que, même avant de rentrer chez eux, les gens passent de nombreux appels téléphoniques pour prendre des nouvelles de leurs proches. Tout le monde le fait en même temps, ce qui provoque un blocage des communications. Cependant, si on se contente de laisser un message court, ce problème est moins susceptible de se produire. Aussi a-t-on conçu un système de messages courts qui peut être utilisé aussi bien avec un téléphone cellulaire ou un téléphone public”. M. Yamazaki recommande également aux gens d’avoir toujours sur eux une lampe de poche et une bouteille d’eau. “Un violent séisme s’accompagne toujours de coupures électriques. La lampe de poche est donc très pratique. Pour ce qui est de l’eau, on peut se retrouver coincer quelque part, notamment un ascenseur. Sachant qu’à Tôkyô, les ascenseurs des 30 000 immeubles risquent de s’arrêter en cas de violent séisme, vous avez le risque de rester bloqué dans l’un d’entre eux pendant 2 ou 3 jours. Avoir une bouteille d’eau sur soi accroît vos chances de survie”, ajoute-t-il.
Yamazaki Jun’ichi compare la prévention des séismes à la santé dentaire. “Beaucoup de gens ne consultent un dentiste que le jour où ils ont vraiment mal, mais ce jour-là, il peut être déjà trop tard, dit-il. Le dentiste peut alors vous retirer votre mauvaise dent. Cela peut être comparé à la perte d’un membre de la famille en cas de catastrophe. La différence est que vous pouvez toujours remplacer une dent, mais vous ne pouvez jamais remplacer une personne morte. C’est pourquoi la prévention est si importante”.
“En tout cas, tout le monde doit comprendre qu’un séisme peut se produire à tout moment. C’est si soudain que nous n’avons pas souvent le temps de réagir. Désormais, la plupart des téléphones portables au Japon sont équipés d’un système d’alerte censé vous avertir quelques secondes avant le tremblement de terre, mais il est généralement trop tard pour faire quoi que ce soit. La seule façon d’augmenter vos chances de survie est de penser à l’avance et être prêt”, conclut-il.
Jean Derome