Trois des grands succès du cinéaste japonais ressortent dans des versions restaurées en haute définition. Un must.
En cette période de fin d’année, beaucoup d’entre nous se cassent la tête pour trouver le cadeau idéal à offrir. Du côté des livres, les idées ne manquent pas comme l’illustre la sortie des Notes de chevet de Sei Shônagon illustrées par Hokusai (voir p. 17) ou encore quelques pépites du côté manga (voir p. 14). Au niveau des DVD et autres Blu-Ray, la récolte est en revanche plus maigre. Les amateurs de Miyazaki Hayao seront satisfaits de trouver son dernier long-métrage Le Vent se lève édité par le studio Ghibli dans les deux formats (17,99 € pour le DVD et 22,99 € pour le Blu-Ray). Ceux et celles, qui n’ont pas encore vu le chef-d’œuvre de son compère Takahata Isao, Le Conte de la princesse Kaguya, lui aussi proposé par le studio Ghibli, devront patienter jusqu’au 4 mars prochain pour l’acquérir.
En attendant, et dans un genre totalement différent, les curieux et les amoureux du 7e art ont la possibilité de découvrir ou redécouvrir un cinéaste culte : Suzuki Seijun. Déjà sortis il y a quelques années, trois films importants dans la carrière du cinéaste connaissent une nouvelle jeunesse grâce à Eléphant Films. L’éditeur propose en effet Détective bureau 2-3, La Jeunesse de la bête et La Marque du tueur dans des versions restaurées en haute définition par l’américain Criterion dont le travail est salué dans le monde entier. Sous forme de coffrets individuels dans les deux formats DVD et Blu-Ray, les trois films bénéficient chacun d’une présentation par le critique Charles Tesson qui met en perspective ces longs-métrages qui ont influencé de nombreux cinéastes comme John Woo ou encore Quentin Tarantino.
Chronologiquement, Détective bureau 2-3 est une entrée en matière pour le moins intéressante. Nous sommes en 1963 et le public commence à se lasser des films policiers classiques qui envahissent régulièrement les écrans. C’est l’époque aussi où les salles de cinéma commencent à perdre des spectateurs attirés par la magie du petit écran qui commence à trouver sa place dans les foyers nippons. Avec ce film, Suzuki Seijun casse les codes et surprend un public qui ne s’attendait pas à se trouver face à un personnage inattendu interprété avec brio par Shishido Jô. Plutôt que d’en faire un héros habituel, Suzuki Seijun plonge son personnage dans des situations plus rocambolesques les unes que les autres, donnant à son film des airs de parodie. C’est un vrai moment de plaisir qui se traduit par un énorme succès. La Nikkatsu a compris qu’elle tenait un phénomène et surtout un filon à exploiter. La même année, elle produit La Jeunesse de la bête dans lequel Suzuki Seijun place la barre encore plus haut. La violence et la surenchère dominent, faisant de ce film une œuvre somme toute très différente de Détective bureau 2-3 dont il est, dit-on, la suite. On sent que le cinéaste attache plus d’importance au travail formel que dans son précédent opus. Cette impression est encore plus forte dans La Marque du tueur que Suzuki Seijun tourne trois ans plus tard. Considéré comme son chef-d’œuvre, ce long-métrage illustre l’inventivité du réalisateur japonais qui s’attache dans chaque plan à trouver des idées nouvelles. Cela lui donne un rythme étonnant dans lequel le spectateur tombe et ne peut s’échapper jusqu’à la dernière minute. De quoi ravir les amateurs de films de genre qui veulent savoir où les cinéastes spécialisés du moment ont été chercher leurs idées.
Odaira Namihei
Références :
Détective bureau 2-3, de Suzuki Seijun (1963) avec Shishido Jô, éd. Elephant Films, à partir de 16,99 €.
La Jeunesse de la bête, de Suzuki Seijun (1963) avec Shishido Jô, éd. Elephant Films, à partir de 16,99 €.
La Marque du tueur, de Suzuki Seijun (1967) avec Shishido Jô, éd. Elephant Films, à partir de 16,99 €.