Je rêvais de vivre à Paris, la ville qui a su préserver son identité à travers les âges. Malgré le nombre de touristes qu’elle accueille, elle est une référence parmi les capitales dont les citoyens font peu d’efforts pour comprendre les langues étrangères. “Si tu vas à Paris, il faut savoir parler le français !” Cette recommandation de base est bien connue. “C’est donc à moi de faire des efforts !” Voilà pourquoi, je continue à m’arracher les cheveux pour apprendre cette langue.
Pourtant, depuis peu, beaucoup de Parisiens parlent anglais sans hésitation, avec une touche américanisée malgré leur accent bien français. Ce phénomène est apparu en même temps que les nouveaux cafés-restos stylisés… en un mot, les cafés bobos. Derrière leur vitrine (pas de comptoir !) exposant des bagels bobos à 8 €, le vendeur me lance tout de go avec un sourire lumineux : “Hello, may I take your order ?” Ça me perturbe ! Je me demande si c’est plus logique de lui répondre “Hi !”, ou de faire ma vraie Parisienne et de lui dire “Je ne parle pas anglais, ici on est en France.” Avec cette dernière réponse, je peux avoir deux réactions différentes. Soit il continue en anglais car il ne m’écoute pas, soit il dit : “Sorry ! Oups ! Pardon…” avec un grand sourire, mais le regard ailleurs. Lors de la commande, dès que je prononce maladroitement “Salade de quinoa avec wakame, à la sauce menthe, gingembre et grenade sur lit de…”, il dit : “So, one quinoa salad ?” C’est plutôt désagréable. S’il est compliqué de lire leur carte, ce n’est pas parce qu’elle est en français, c’est parce que les noms des plats sont toujours longs et je ne comprends pas le principe. La salade niçoise me conviendrait parfaitement.
Aujourd’hui, j’ai envie de dire à haute voix : Chers Parisiens, n’oubliez pas ce que vous avez défendu pendant tant d’années… juste pour suivre la tendance venue de New York ! Moi, je continue à aller au café PMU du coin. Même si le patron me dit toujours “Ni Hao” (“Bonjour” en chinois), ce n’est pas grave !