Je rêvais de vivre en France et d’avoir la sensibilité de ses ressortissants. A vrai dire, je ne savais pas exactement de quoi il s’agissait. Je notais juste que c’était un pays qui donnait de l’importance à sa culture et à son passé. Depuis que j’y suis installée, je vois que cela se traduit par “conservateur”. La France a tendance à bien prendre soin de ceux qui ont déjà une valeur, mais valorise peu ce qui est nouveau. C’est un pays magnifique pour les touristes en quête de patrimoine historique dont je faisais partie. Si le slogan pour la promotion du tourisme japonais est “la tradition et la modernité” que l’on voit un peu trop, celui de la France devrait sans doute être “l’histoire et sa fierté”. Cette dernière brille à mes yeux autant qu’elle me déplaise. Autrement dit, la fierté peut être le moteur d’un pays, mais elle a aussi un risque de rendre son peuple prétentieux sans aucune raison.
“Fier d’être Français”. C’est une phrase que j’entends de plus en plus à droite et à gauche ces dernières années. Surtout en cette période électorale, ce discours a l’air d’avoir une signification d’une importance considérable. Je ne comprends pas vraiment de quoi ils sont fiers car ils se plaignent tout le temps de toutes sortes de problèmes qui apparaissent un peu partout. Pourtant, je partage beaucoup de sujets avec eux et j’écoute des débats politiques en pensant au bien du pays. Dans ce qui me distingue des Français, il y a d’abord ma nationalité, puis ma sensibilité japonaise qui ne comprend pas pourquoi les mouchoirs ne se vendent qu’en paquet encombrant de plusieurs sachets alors que j’en veux juste un. Ces deux points ne changeront jamais.
Encore une fois, je n’ai pas le droit de participer au choix d’une vision pour l’avenir du pays, je ne peux compter que sur les Français pour être encore en mesure de dire “je suis fière d’être en France”. Choisirez-vous un président de la République qui pourra me l’assurer ? En tout cas, j’ai encore le droit d’en rêver, non ?