Alors que certaines des scènes les plus représentatives du film ont été tournées à Tôkyô, plusieurs endroits de l’ouest du pays figurent en bonne place dans l’histoire, en commençant par le port de Kôbe où, sur les quais, Bond et Aki y luttent contre les voyous d’Ôsato (même si nous sommes censés croire que la scène se déroule à Tôkyô). Dans la seconde moitié du film, en particulier, on trouve le château de Himeji et deux endroits de la préfecture de Kagoshima, sur l’île de Kyûshû : Akime et Shinmoedake. Le premier est un petit village pittoresque où le temps semble s’arrêter et encore aujourd’hui, tout semble presque exactement comme il y a 50 ans. Ceux qui le visiteront y trouveront même une pierre commémorant le tournage du film avec les signatures de Sean Connery, Albert Broccoli et Tanba Tetsurô qui interprète le rôle du patron des services secrets japonais. Le second est un volcan qui, dans le film, est utilisé comme base des fusées lancées par les méchants. Après une éruption majeure en 1959, le lac du cratère était resté relativement calme jusqu’à ce que le volcan se réveille en janvier 2011, brisant les vitres à 8 km à la ronde et forçant l’évacuation de plusieurs centaines de résidents. Depuis lors, la zone a été sécurisée et la randonnée au bord de ce lac depuis le sanctuaire de Kirishima est en fait assez facile car le chemin est relativement plat.
On ne vit que deux fois se porte bien, même après 50 ans. La seule scène qui dénote est celle où Bond tente de se faire passer pour un pêcheur à Kyûshû. Il est grimé de façon horrible. Les maquilleurs ont réussi à couvrir les deux petits tatouages que l’acteur porte sur son bras droit (“Écosse pour toujours” et “Maman et papa”), mais ils n’ont rien pu faire pour son apparence générale. Imaginez un grand mec qui dit ohayo gozaimasu – bonjour – avec un fort accent écossais.
Les deux Bond girls ne sont guère impressionnantes et, dans un sens, sont parmi les plus faibles de la série – en particulier Kissy Tiger interprétée par Hama Mie. Celle-ci était censée jouer Aki dans le film, mais elle a dû passer à l’autre rôle en raison de son anglais limité. Bien que Hama et Wakabayashi ne puissent pas rivaliser avec les précédentes bombes sexuelles de Bond comme Ursula Andress et Claudine Auger, elles ont marqué de grands fans internationaux et surtout locaux, principalement grâce à leurs longues jambes non japonaises. Hama a effectivement été présentée dans Playboy, qui l’a proclamée “la Brigitte Bardot du Japon”. Les mâles occidentaux ont probablement été plus intéressés par la scène où Bond est baigné et choyé par un groupe de filles en bikini alors que Tanba déclare que les femmes sont nées pour servir les hommes. C’est le genre de réflexion qu’on pouvait entendre au cinéma dans les années 60.
Hama, qui a abandonné le 7e art en 1970 pour “mener une vie normale”, a récemment été interviewée par le quotidien Asahi Shinbun. “Je n’avais jamais vu un film de James Bond avant le tournage et je n’avais aucune idée que 007 avait un tel succès dans le monde”, a-t-elle confié. Elle ne s’est jamais sentie à l’aise sur les écrans. “J’étais juste une fille”, dit-elle. “Chaque matin, Connery-san me demandait si j’avais des problèmes. Il a également eu une vie difficile avant de devenir une star, alors il m’a compris.”
007 est revenu au Japon seulement une fois depuis On ne vit que deux fois, lorsque Daniel Craig a rencontré Javier Bardem, peroxidé, au milieu des ruines de l’île abandonnée de Hashima (plus connue sous le nom de Gunkanjima) au large de Nagasaki, dans Skyfall. Maintenant, les fans japonais espèrent que les producteurs adapteront au cinéma The Man With the Red Tattoo, un roman de Bond écrit, en 2002, par Raymond Benson, qui se déroule dans différents endroits de l’archipel, dont Naoshima, une petite île de la préfecture de Kagawa, célèbre pour ses musées d’art. Dans l’intervalle, les autorités locales y ont ouvert, en 2004, un petit musée dédié à 007, en prévision du grand jour.
Giovanni Simone