Au cœur de la province de Wakasa, Obama incarne le Japon ancestral avec une culture et des traditions préservées.
Mon regret sera de ne pas avoir eu le temps de visiter la ville qui porte le même nom que moi”, déclarait Barack Obama, l’ancien président américain, alors qu’il se rendait à Hiroshima, l’été dernier. Le monde entier entendait alors, parler pour l’une des premières fois, de la modeste cité de la préfecture de Fukui. Obama fait pourtant partie de ces villes japonaises vraies, bouleversantes de sincérité, où le lien avec la nature est criant et nourrit le quotidien de ses 30 000 habitants. Elle abrite également un puits d’histoire où l’on en apprend davantage sur ce que fut la vie à l’époque où Tôkyô (Edo) n’était pas encore la capitale du Japon.
Située au nord de Kyôto, c’est effectivement dans cette ville que s’est écrit une partie de l’histoire du Japon. Obama était alors surnommée “Nara sur mer” car elle présentait toutes les richesses et les atouts de l’ancienne capitale, le rivage de la mer du Japon en plus. Préservée, coincée entre montagnes et plages, Obama n’est pourtant devenue une ville à proprement parlé qu’en 1951 après avoir été une zone inhabitée pendant des décennies. Autrefois, Obama était surtout un port naturel exceptionnel qui permettait de multiplier les échanges avec la Chine puis la Corée. Une véritable porte d’entrée vers le Japon, et le bout du bout de la route de la soie.
A l’époque, ce haut lieu stratégique pour les échanges commerciaux était également le port le plus proche géographiquement des anciennes capitales, Nara et Kyôto. La baie qui le borde permettait également d’approvisionner en abondance les riches cités des poissons les plus fins. Obama marqua le point de départ de ce que l’on appelle au Japon, la Saba kaidô, la “route du maquereau”, une voie de près de 75 kilomètres qui permettait de le relier à la capitale impériale. Cette voie a d’ailleurs été reconnue au patrimoine national en avril 2015.
Il faut dire que son histoire est unique. A l’ère Heian (794-1185), le maquereau de Wakasa était salé puis transporté jour et nuit, à dos d’hommes ou de chevaux, vers les grands centres. Les hommes se relayaient ainsi tout le long de ce chemin parfois difficile pour que le poisson atteigne les étals du marché de Kyôto à l’aube. Peu importaient les saisons, le climat pourtant rude dans la région en hiver. Leur voyage les menait sur la côte ouest du lac Biwa, puis à travers les villages de Kutsuki, Ohara, Yase pour enfin aboutir à Kyôto. Pour les plus aventureux, il est encore possible aujourd’hui de suivre cet itinéraire comme autrefois : vous y découvrirez notamment des fléchages et autres témoignages de l’époque tout au long du sentier.