Invité du festival d’Angoulême, l’auteur de Pluto, Yawara ! et 20th Century boys s’est confié sur sa carrière et son travail.
Je savais déjà à quoi ressemblait Urasawa Naoki, mais quand je l’ai finalement rencontré à Tôkyô pour notre entretien, la surprise a été grande. Le dessinateur de 57 ans fait facilement dix ans de moins. Il fait partie de ces rares dessinateurs qui ont atteint une notoriété considérable sans avoir abandonné ses intrigues souvent étranges et son approche très indépendante dans la réalisation de ses mangas. Diplômé en économie de l’Université Meisei à Hino, il a fait son entrée dans cet univers en 1983 après avoir obtenu un prix pour son histoire Return. Son premier grand succès, il le doit au manga Yawara ! consacré au judo féminin. Il est principalement connu à l’étranger pour 20th Century Boys (1999-2006), une fable uchronique qui a également été adaptée au cinéma sous la forme d’une trilogie en prise de vue réelle.
Vous faites à la fois du manga et de la musique, et j’ai entendu dire que vous alliez même interpréter vos chansons à Angoulême. Quelle a été votre première passion ?
Urasawa Naoki : C’est difficile à dire. Ma mère m’a dit qu’à l’âge de trois ans je fredonnais déjà les airs de West Side Story. J’aimais aussi la musique qu’Ifukube Akira a composée pour les films Godzilla et Prisonnière des martiens (Chikyû bôeigun, 1957). Pour ce qui est des mangas, je pense que j’ai commencé à lire les bandes dessinées de Tezuka Osamu à l’âge de quatre ou cinq ans.
Vous semblez être un grand amateur de cinéma. Votre intérêt est-il lié au scénario ou à la bande-son ?
U. N. : L’histoire n’a jamais été très importante pour moi. Même lorsque j’écoute une chanson, par exemple, je ne fais pas attention aux paroles. Je me concentre uniquement sur la musique. C’est aussi vrai pour les mangas. Vous ne m’entendrez jamais dire : “J’aime quand ce personnage dit telle ou telle chose.” Je suis plus attiré par les éléments visuels, le style et le trait.