Avez-vous commencé à dessiner à un âge précoce ?
U. N. : Oui. Enfant, j’étais très attiré par le manga. En primaire, je dessinais déjà, image après image, dans mon cahier, en prêtant attention à la façon dont l’histoire se déroulait. A l’époque déjà, le scénario lui-même n’était pas le principal à mes yeux. Je cherchais plutôt à créer une certaine atmosphère, un climat qui succédait à un autre.
Montriez-vous vos histoires aux autres ?
U. N. : Non, je ne le faisais pas. J’avais l’habitude de dessiner à la maison, tout seul. En général, je partage seulement mes sujets d’intérêt avec les personnes qui ont les mêmes que moi.
Quand avez-vous commencé la musique ?
U. N. : Vers l’âge de 11-12 ans. A cette époque, de nouveaux artistes émergeaient progressivement. Parmi eux, il y avait l’auteur-compositeur-interprète Yoshida Takuro. Comme beaucoup d’autres jeunes, son succès m’a incité à me lancer dans l’apprentissage de la guitare. C’était assez banal à l’époque. Mais c’était aussi une chose que j’ai eu aussi plaisir de faire tout seul. J’ai consulté un numéro du magazine Young Guitar, trouvé une guitare que j’ai achetée sans consulter personne. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert que j’avais acheté par erreur une guitare classique (rires).
Malgré votre passion pour le dessin et la musique, je suppose que vous ne pensiez pas en faire votre métier.
U. N. : En effet. Après la fac, j’ai commencé à chercher un emploi. J’ai eu un entretien avec un éditeur et je me suis dit que je pourrais lui montrer ce que j’avais dessiné. Je n’étais pas vraiment sérieux à ce sujet, mais j’ai fini par gagner un prix pour ces histoires, alors j’ai décidé de faire un essai, de me concentrer sur mon art pendant un an et de voir ce qui en résulterait.
Jusque-là, vous faisiez des mangas sans but précis ?
U. N. : Pour moi, c’était juste une chose normale, comme respirer. Mes amis me disaient toujours de soumettre mon travail à un éditeur, mais je n’aurais jamais pensé que mes petites histoires pourraient susciter un intérêt. Pour moi, Tezuka Osamu était la référence. Comparé à lui, mes histoires étaient plutôt mal foutues, et je croyais que je devais d’abord atteindre son niveau pour songer à les vendre. Vous pouvez penser que j’étais trop sévère envers moi-même. En même temps, je ne faisais pas vraiment confiance aux louanges des autres parce qu’à mon avis, ils ne connaissaient pas grand-chose au manga.