Avec La Papeterie Tsubaki, la romancière fait une nouvelle fois la démonstration de son grand talent.
Ogawa Ito nous avait enchantés avec Le Restaurant de l’amour retrouvé (trad. par Myriam Dartois-Ako, éd. Philippe Picquier, 2015) grâce à son talent de conteuse et sa capacité à construire un univers dans lequel le lecteur se plongeait avec délectation. Elle récidive avec La Papeterie Tsubaki, roman qui démontre une nouvelle fois que la simplicité permet de délivrer une œuvre forte avec des personnages attachants au premier rang desquels Hatoko. Cette jeune femme de 25 ans reprend la petite papeterie que lui a léguée sa grand-mère à Kamakura, au sud de Tôkyô. Mais comme le seul commerce de matériel ne suffit pas à boucler les fins de mois, la jeune femme suit les pas de son aïeule en tant qu’écrivain public. Cette dernière lui ayant enseigné l’art difficile de calligraphier mais aussi et surtout de choisir les mots et les outils pour les écrire. Avec ce livre, l’auteur nous rappelle combien l’écriture est importante pour transmettre ses émotions et ses sentiments. Elle choisit également d’aller à contre-courant d’une époque où les claviers virtuels ont remplacé les stylos et autres instruments d’expression écrite.
“J’aime écrire. J’ai toujours écrit beaucoup de lettres et je continue à échanger par lettre avec mes amis. Le courrier est bien différent des nouveaux moyens de communication. Il y a d’abord le temps que ça prend pour écrire, pour envoyer la lettre, pour qu’elle arrive. Et il y a aussi tout l’atmosphère qui est contenue dans une lettre, tout le soin que l’on a mis à choisir le papier, le stylo, l’enveloppe. Et puis, j’ai l’impression que l’on envoie un peu de l’air qui nous entoure”, confie Ogawa Ito de passage en France. Cet amour pour la chose écrite manuellement se retrouve tout au long de son roman qui suit également le rythme des saisons. Car on n’écrit pas de la même façon en hiver qu’en été, et les ustensiles évoluent en fonction de la période de l’année. Finalement, on se rend compte que l’écriture ressemble à la cuisine du moins au Japon où, vous le savez, les cuisiniers font grand cas des saisons dans l’élaboration de leurs cartes.