Longtemps mal appréciée par les Français, cette pâtisserie bénéficie désormais d’un bel engouement.
La compréhension d’une culture culinaire se fait aussi bien par les goûts que par les textures, et ces dernières ne se laissent pas facilement apprivoiser.
Pendant longtemps, certains types de textures de la cuisine japonaise ne plaisaient pas beaucoup aux Français. Notamment la texture mochi mochi, pour laquelle il n’existe que des termes négatifs en français comme “gluant, collant” ou “mou”, était dépréciée. Mathilda Motte, fondatrice de la Maison du Mochi, dont la jolie petite boutique a ouvert au mois d’avril dans le quartier de Saint-Sulpice, a su gagner le pari fou de faire aimer le mochi aux Français.
Cette ancienne styliste culinaire a découvert le mochi dans une supérette à Tôkyô, lors de son année passée au Japon. C’était un ichigo daifuku (mochi fourré à l’anko et à la fraise fraîche). Touchée par sa “douceur infinie et réconfortante”, elle en est devenue accro. A son retour en France, elle a continué son histoire d’amour avec le mochi en confectionnant elle-même, jusqu’à ouvrir une boutique en ligne il y a trois ans de cela, après la publication de son livre Mochi Mochi chez La Martinière.
Pourquoi ce dessert nippon rencontre-t-il un tel succès aujourd’hui, alors qu’il a pu être assez déroutant pour les Français ? “Je pense que le mochi répond à une nouvelle manière de se nourrir. Fabriqué avec des matières végétales, moins sucré que les pâtisseries françaises, sans matières grasses, il est également sans gluten”, répond Mathilde.
Son mochi, qu’elle réalise d’après le modèle du daifuku mochi, est plus fondant que l’original. Il évoque davantage le habutae mochi, les textures des deux parties, la pâte et l’intérieur, étant plus proches. Il donne d’emblée plus de tendresse au palais, de la première à la dernière bouchée. Moins sucré également que la version japonaise, il se marie parfaitement avec un thé vert comme avec une coupe de champagne.
Comme la Pâtisserie Tomo, boutique tenue par un pâtissier français qui a su inventer des dorayaki (pâtisserie nippone célébrée dans le film Les Délices de Tokyo de Kawase Naomi, voir Zoom Japon n°79, avril 2018) avec une touche française, Mathilda a développé une gamme de mochi qu’on ne trouve qu’à Paris, déclinés en plusieurs parfums (amande, yuzu, noisette, abricot, framboise…). Elle dit que le shiroan (haricot blanc sucré) est une base magique, qui accepte les variétés de parfum au gré des saisons et des envies.
Beaucoup de Français trouvent le toucher du mochi très sensuel, ou le comparent au toucher de la joue d’un bébé, et Mathilda raconte même qu’un de ses amis le trouve très intime : en le mangeant, il a l’impression d’embrasser quelqu’un ! “Moelleux, élastique, fondant” sont les mots que la Maison du Mochi emploie pour décrire ce délice, et Mathilda ajoute : “C’est la douceur incarnée”.
Peut-être que cette texture à laquelle les Japonais sont devenus trop habitués, est en train d’être découverte par les Français, avec sensibilité et fraîcheur, grâce justement à la passion d’une jeune française amoureuse du Japon.
Sekiguchi Ryôko
Informations pratiques
MAISON DU MOCHI, 39, rue du Cherche-Midi, 75006 Paris. www.maisondumochi.fr