On ne compte plus le nombre de séries consacrées aux disciplines sportives. Zoom Japon a enquêté.
Les mangas sont célèbres, entre autres, pour la diversité des sujets qu’ils abordent. Outre les thèmes classiques (aventure, romance, super-héros, SF, etc.), l’amateur trouvera aussi dans le rayon bandes dessinées d’une librairie japonaise typique des histoires sur la vie de bureau, la cuisine (voir Zoom Japon n°22, juillet 2012), la vieillesse (voir Zoom Japon n°92, juillet 2019), le vin (voir Zoom Japon n°95, novembre 2019), la religion, et même des sujets plus étranges comme une femme qui se transforme en frigo. Mais peu de genres sont aussi populaires et ont eu autant d’influence sur la société que les mangas sportifs dont l’importance dans la culture japonaise a été réaffirmée à Tôkyô, l’été dernier, avec la grande exposition Sports x Manga proposée par le directeur artistique du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême, Stéphane Beaujean.
La véritable percée du manga sportif remonte à 1966, avec la parution de Kyojin no hoshi [L’Etoile des Géants] dans l’hebdomadaire Shônen Magazine. Le succès fut instantané, et en 1968, son adaptation télévisée fut la première inspirée d’un manga sportif. Deux ans avant le lancement de ce manga, les Jeux olympiques de Tôkyô avaient marqué la renaissance du Japon de ses cendres et son retour sur la scène mondiale. Le pays avait retrouvé sa fierté grâce à la prestation impressionnante de ses athlètes (29 médailles au total dont 16 en or). Ils s’étaient particulièrement illustrés en judo et au volley-ball, deux disciplines devenues olympiques à l’occasion des Jeux de 1964. En judo, le Japon a raflé trois des quatre titres. L’équipe masculine de volley-ball a remporté la médaille de bronze, mais elle a été surclassée par l’équipe féminine – les célèbres “Sorcières de l’Orient” – qui a gagné le titre olympique. Son triomphe sur l’Union soviétique lors de la dernière soirée des Jeux a été par la suite classé par le quotidien Asahi Shimbun comme la cinquième plus grande réussite sportive du XXe siècle. Ces succès en judo et en volley-ball ont donné lieu à un certain nombre de mangas consacrés à ces sports, parmi lesquels Jûdô Ichokusen (1967) et surtout le révolutionnaire Atakku No.1 (1968) consacré au volley qui fut à l’origine de l’engouement pour le manga shôjo (à destination du public de jeunes filles).