C’est d’autant plus important que 70 % des personnes qui travaillent dans la capitale ont un trajet de plus d’une heure pour atteindre leur lieu de travail. La plupart d’entre eux arrivent des villes qui entourent Tôkyô. Ils y parviennent par des lignes de train qui ont pour terminus les gares de Shibuya, Shinjuku, Ikebukuro, Ueno ou encore Tôkyô. Leur point commun est d’être aussi un point de passage de la ligne Yamanote. Celle-ci les transportera alors jusqu’à leur destination finale ou jusqu’à une correspondance où ils changeront pour un autre train ou le métro. Depuis 1925, elle est une des lignes les plus empruntées de la capitale et la compagnie Japan Railways (JR) qui l’exploite fait le maximum pour que son fonctionnement soit ininterrompu tout au long de la journée. En cas de dysfonctionnement, nul doute que les journaux en feraient leur gros titre et que la direction de JR devrait se livrer à l’exercice humiliant des excuses publiques. Fort heureusement, ce n’est quasiment jamais arrivé sur la ligne Yamanote dont les trains sont choyés et modernisés régulièrement. Depuis la fin janvier 2020, l’ensemble de la ligne est désormais desservie par l’E235, la dernière née des rames dont la conception a été pensée pour faciliter son entretien et répondre aux évolutions des besoins des voyageurs. Ainsi, il y a plus d’espaces réservés aux personnes à mobilité réduite ou aux poussettes.
Sécurité, fiabilité et ponctualité. Ces trois mots résument parfaitement le train au Japon. La ligne Yamanote n’y déroge pas, même aux heures de pointe. Le touriste peut s’amuser à regarder dans certaines gares le personnel qui s’emploie à faciliter la fermeture des portes tandis que les usagers retiennent leur souffle. Ils attendent que le signal retentisse et que le message vocal annonçant le départ soit diffusé. Dans quelques minutes, ils arriveront à destination. Une fois l’heure de pointe passée, la ligne Yamanote devient plus accessible. Il est donc temps de se lancer dans l’aventure. Compte tenu de son tracé autour du “centre historique” de la capitale nippone, elle permet de se faire une idée assez précise de la diversité de ses paysages et de ses atmosphères. La distance moyenne entre chaque arrêt est de 1,19 km. Mais pour la petite histoire, il n’y a que 500 mètres entre Nippori et Nishi Nippori. Pour le voyageur qui s’y rend pour la première fois, on peut conseiller de faire un tour complet de la ligne qui s’effectue en environ une heure. Non seulement, cela facilite le repérage de quelques lieux à visiter, mais cela offre une excellente occasion de se plonger dans le quotidien des Japonais, en observant le comportement des jeunes et des moins jeunes. Les premiers aiment beaucoup se retrouver dans les quartiers branchés. Ils descendent alors à Harajuku, Yûrakuchô ou Shibuya où les boutiques de mode et les grands magasins sont très nombreux. Les seconds fréquentent volontiers la rue commerçante (shôtengai) d’Ameya yokochô à Ueno, plus connue sous le sobriquet d’Ameyoko. Elle attire chaque jour des milliers de personnes. Fin décembre, les Tokyoïtes et les banlieusards s’y rendent massivement pour acheter les produits frais indispensables à la préparation des repas du Nouvel an.
A deux stations de là, en direction de la gare de Tôkyô, vous avez rendez-vous avec le monde de la culture pop nippone. Akihabara, qui fut célèbre pour ses magasins d’électronique, est devenu, au cours des dernières années, l’endroit où les fans de manga, de jeux vidéo et d’animation vivent leur passion. Dans la langue populaire, on utilise souvent le terme akibakei pour désigner la mode vestimentaire inspirée par la culture pop. Se promener dans les rues de ce quartier permet de jauger la place qu’elle occupe dans le cœur des Japonais. Si vous êtes prêt au départ, prenez place. “Doa ga shimarimasu. Gochûi kudasai” (Veuillez faire attention à la fermeture des portes), annonce le haut-parleur. Si vous ratez ce train, ne vous inquiétez pas, dans moins de cinq minutes, vous entendrez à nouveau “Mamonaku, yonbansen ni densha ga mairimasu. Gochûi kudasai.” Odaira Namihei
Transport : Un train-train dépaysant
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