En suivant des informations japonaises, ça fait plus d’un an que j’entends parler de Kimetsu disent les Japonais au lieu de Kimetsu no yaiba (Demon Slayer, voir pp. 12-13). Je n’y ai pas prêté attention, imaginant qu’il s’agissait d’un manga d’action et d’aventure du même genre que Dragon Ball ou One Piece. Néanmoins, en raison de son incroyable popularité ces derniers temps, à tel point que le nouveau Premier ministre Suga a repris une de ses expressions cultes Zenshûchû (Concentration Totale) lors d’une session parlementaire, je me suis décidée à jeter un œil sur les premiers épisodes de la série d’animation afin de comprendre les clés du succès. Le résultat : j’ai regardé l’intégralité des 26 épisodes de la première saison, alors que je n’ai même pas fini un épisode de La chronique des Bridgerton, série réussie de Netflix, que j’ai tentée de découvrir pour la même raison !
On dit souvent que Kimetsu est bazutta, littéralement “il a fait un énorme buzz”. “Bazutta” est le participe passé du verbe familier “bazuru”, un anglicisme composé de “bazu” (buzz) et du préfixe “ru” qui équivaut à une terminaison verbale en français. Dans la mesure où bazuru signifie connaître un foudroyant et inexplicable succès sur les réseaux sociaux, on a désormais tendance à l’utiliser dès que quelque chose marche comme Kimetsu. Certes, il y a eu lieu un certain nombre de campagnes promotionnelles, mais le manga lui-même ne me semble pas être né d’une stratégie marketing. Il nous emporte dans la philosophie bouddhiste du shogyô mujô (l’impermanence) selon laquelle rien ne dure éternellement, à travers la vanité et le chagrin des hommes qui se battent pour ne pas perdre ce qu’ils ont et le malheur des démons vivant dans un monde infini et sans espoir, tout en y ajoutant diverses références actuelles. Visuellement fantastique et parfois enfantin, l’œuvre prend une dimension différente selon le lecteur/spectateur. Pourquoi ne pas tenter de vous plonger dans cet univers pour voir s’il va vous “bazuru” comme il m’a “bazutta” ?
Koga Ritsuko