Après avoir écouté l’expérience d’un ami français, je me suis installée à Lille il y a trois ans, tout en continuant à aller travailler à Paris. Il avait raison. La qualité de vie actuelle est meilleure et le train à grande vitesse est mille fois plus agréable que le métro parisien qui pue. Or, ma vie ferroviaire reste une source de stress. Pas seulement à cause des trains rarement ponctuels, mais aussi des agents de la SNCF qui ne connaissent pas les conditions de mon forfait et à qui je dois fournir des justifications, souvent sans succès, chaque fois que je ne peux pas réserver ma place en raison de leur système informatique défaillant. Dans ces conditions, comment puis-je apprécier cet univers ferroviaire comme mon ami, qui se fâche lors du retard de son train mais qui aime, malgré tout, ses voyages quotidiens ? En fait, quand j’ai emménagé dans le Nord, j’avais oublié un petit détail : il est ce que l’on appelle en japonais un noritetsu, un grand passionné des chemins de fer ! Comme dans d’autres pays, les amateurs de train sont nombreux au Japon. Composé du mot “nori” pour dire “prendre” et du terme “tetsu” pour “ferro” principalement utilisé pour désigner ces fans du train, noritetsu est un néologisme apparu au XXIe siècle. Avant, depuis les années 1960, on les appelait Tecchan (Tetsu-chan) ou Tetsuo pour les hommes et Testuko pour les femmes. Autrement dit, ils n’ont jamais eu le droit au suffixe honorifique “san”, car, à la base, ils étaient vus avec un certain mépris, considérés comme peu sociables et souvent maniaques. Mais avec le temps, leur image s’est améliorée et le terme neutre noritetsu s’est généralisé. Pour eux, le train n’est pas un simple moyen de déplacement, mais il représente le but même de leur voyage. Étant déjà lasse du monde ferroviaire français, je suis loin d’être ferrovipathe. Mais ça vaut peut-être le coup de faire un voyage comme un noritetsu au Japon vu la variété de trains apparue ces derniers temps. Reste à voir leurs tarifs !
Koga Ritsuko