Kaiwai, il s’agit d’un terme classique qui signifie « alentours » ou « quartier » et désigne une zone géographique sans limites précises ni clairement définies. Les Japonais vivant en France utilisent souvent l’expression “Opera kaiwai” pour désigner le quartier de l’Opéra à Paris. Cette zone vague, appelée “quartier japonais”, permet, par exemple, de considérer que la librairie japonaise Junkudô fait partie d’Opera kaiwai, alors qu’elle se trouve plus proche du Louvre. Pratique.
Lorsqu’un concept est pratique, on a tendance à en profiter pour aller plus loin. Depuis 2023, kaiwai est beaucoup employé sur les réseaux sociaux. Popularisé par la génération Z, le terme est utilisé pour désigner des communautés ou des milieux partageant un même intérêt, ainsi que les personnes qui y sont liées. Aujourd’hui, son usage est devenu très courant dans notre quotidien, tel qu’otaku kaiwai (les otakus et leur environnement), ou râmen kaiwai (la communauté des amoureux des nouilles en bouillon). Ce phénomène est probablement lié à un besoin d’appartenance à un groupe ou une communauté, dans une époque marquée par l’isolation due à la pandémie, mais aussi par la généralisation d’un mode de vie à distance.
Mais kaiwai va encore plus loin. Par exemple, shizen kaiwai désigne les personnes qui pratiquent des activités de pleine nature. Cependant, sur les réseaux sociaux, ce terme peut également signifier une mise en scène volontairement instagrammable dans un cadre naturel, prenant ainsi une connotation ironique. Et cela ne s’arrête pas là. Citons furo kyanseru (bain annulé) kaiwai, autrement dit les gens qui ont la flemme de prendre un bain. Du grand n’importe quoi ! Mais l’idée reste compréhensible.
Alors, passons à la pratique. Voici mes kaiwai comme un exemple :
Je vis à Paris kaiwai, et mon boulot se trouve à St. Martin kaiwai, un kaiwai de plus en plus envahi par des bobo kaiwai. Mon métier concerne le Japon kaiwai, mais dans ma vie privée, je suis plutôt nihonjin (japonaise) kyanseru kaiwai !
Koga Ritsuko