
A la tête de la préfecture depuis plus de 10 ans, Mikazuki Taizô tente d’y créer un nouveau style de vie.
Mikazuki Taizô est gouverneur de la préfecture de Shiga depuis 2014. Après avoir obtenu son diplôme de la faculté d’économie de l’université Hitotsubashi, à Tôkyô, il a rejoint la compagnie ferroviaire JR West où il a travaillé comme agent de gare et conducteur de train, tout en présidant plusieurs comités de jeunesse au sein de JR West. En 2002, il est entré à l’Institut Matsushita de gouvernement et de gestion et a été élu pour la première fois à la Chambre des représentants en novembre 2003. Après avoir été vice-ministre des Infrastructures, des Transports et du Tourisme sous l’administration du Parti démocrate, il s’est présenté comme indépendant aux élections de 2014 au poste de gouverneur de Shiga. En 2022, il a été réélu pour la deuxième fois.
Vous avez eu une carrière de gouverneur inhabituelle. En repensant à votre expérience chez JR West, quel lien faites-vous avec votre travail actuel de gouverneur ?
Mikazuki Taizô : Il y en a beaucoup, mais le premier que je voudrais mettre en avant est le tremblement de terre de Kôbe en 1995. Je l’ai vécu lorsque j’étais employé de gare. En aidant à la reconstruction des gares, des chemins de fer et des villes autour de Kôbe, j’ai réalisé l’importance des transports publics et des chemins de fer dans la vie des gens. J’ai ensuite travaillé comme conducteur de train à Okayama, Hiroshima et Yamaguchi. A cette époque, j’ai saisi que je travaillais avec et pour beaucoup de gens. Il n’y a qu’un seul conducteur dans le train, mais toutes sortes de personnes sont impliquées dans le transport des passagers et leur acheminement vers leur destination, de ceux qui réparent les voies à ceux qui travaillent dans les gares. Ce type de travail est lié à bien des égards à mon travail actuel de gouverneur et d’administrateur public. Aujourd’hui, j’ai l’impression de faire toutes sortes de choses, comme conduire, inspecter, entretenir et établir des horaires, et j’essaie de ne pas oublier ce que mon expérience passée m’a appris.
Votre livre de référence est Kuzure yuku Nihon o dô sukuu ka [Comment sauver le Japon qui va à la ruine ?] de Matsushita Kônosuke. Que pensez-vous que nous devrions faire pour améliorer la situation sociale et économique actuelle du Japon ?
M. T. : De nombreuses années se sont écoulées depuis que ce livre a été publié, et les temps ont changé, mais je pense que certaines choses sont toujours d’actualité. L’une d’entre elles est qu’il existe encore de l’insatisfaction, de la méfiance et des griefs au sein de la société, et Matsushita s’est demandé si la politique était capable de répondre correctement à ces questions et d’apporter des solutions. Il a déclaré que la politique devait trouver une philosophie à sa racine et que les gens devaient travailler ensemble pour faire face aux situations difficiles. Après avoir traversé une période déflationniste, nous connaissons maintenant l’inflation, alors comment devons-nous gérer l’économie dans une ère de hausse des prix ? Ces questions font écho à ce qu’il décrivait. Nous devrions y réfléchir et une fois de plus chérir ces perspectives et les appliquer à la gestion de l’administration du gouvernement local.
Où se situe le potentiel de la préfecture de Shiga, selon vous ?
M. T. : Elle ne manque pas de ressources. Tout d’abord, en regardant en arrière, je constate que chaque région du Japon a sa propre histoire et son propre charme. Aujourd’hui, Shiga est située au centre du Japon, a un lien avec la nature, et sûrement aussi avec le bouddhisme (voir pp. 20-21). Il est sûrement vrai que le mode de vie lié au bouddhisme est à l’origine de l’esprit et de la culture du Japon, et nous devrions nous pencher sur l’histoire. Tout au long de l’histoire de Shiga, nous avons surmonté de nombreux problèmes ensemble. Nous devons d’abord apprendre et nous souvenir de cette sagesse acquise au cours des années, puis la partager avec d’autres. De plus, Shiga est dominée par le lac Biwa (voir pp. 9-11) au milieu de la région, et, avec l’eau du mont Hiyama qui se jette dans le lac, la quantité d’eau là-bas y est importante. L’eau est essentielle pour nous, les humains, et c’est aussi une ressource importante pour l’industrie. Nous devons donc la protéger et l’utiliser à bon escient. Maintenant que les températures augmentent en raison du changement climatique, les ressources en eau vont probablement s’assécher. Lorsque cela se produira, nous pourrons montrer un nouveau modèle de vie. Ainsi, lorsque nous examinons l’histoire et les ressources en eau qui nous ont été confiées, je pense que ces deux points sont cruciaux pour assumer notre responsabilité envers le monde.
Je crois comprendre que vous visez un Shiga durable où les gens peuvent faire l’expérience de ce que vous appelez “une nouvelle abondance”. Quels sont vos projets ? Comment comptez-vous mettre en œuvre l’initiative “Vivre ensemble dans un Shiga vigoureux” ?
M. T. : Depuis que je suis devenu gouverneur il y a dix ans, je dis que nous devrions tous créer et expérimenter une nouvelle richesse. Pas seulement maintenant, et je ne parle pas de choses ou d’argent, ou juste de nous-mêmes, mais pour l’avenir. Créons ensemble une richesse qui peut être ressentie dans nos cœurs. Cependant, la richesse est un terme vague, donc un peu difficile à comprendre. Qu’est-ce qu’une société vraiment riche ? Pour moi, le mot clé est la santé, j’ai donc choisi “Shiga vigoureux”. Des personnes en bonne santé, à la fois dans leur esprit et leur corps pour une société en bonne santé. Ce que je veux dire, c’est créer une société solidaire. Bien sûr, la santé socio-économique est aussi importante, mais nous ne devons pas oublier la nature, y compris le lac Biwa, qui en est le fondement.
Nous maintiendrons et améliorerons la santé des personnes, la société, l’économie et la nature, et nous devons travailler ensemble pour atteindre cet objectif. Je crois que nous pouvons ressentir la richesse et le bonheur dans ces choses. Nous avons connu la crise sanitaire (voir Zoom Japon n°101, juin 2020) et le tremblement de terre de la péninsule de Noto (voir Zoom Japon n°139, avril 2024), nous devons donc chérir notre sens de la communauté. J’insiste maintenant sur l’importance de créer une vie saine ensemble, et j’appelle tout le monde à le faire. Nous sommes en train de créer diverses politiques pour améliorer les trois aspects de la santé mentionnés plus tôt. Les transports publics en sont un exemple. Je suis spécialisé dans ce domaine, j’ai donc travaillé à rendre les transports publics plus pratiques dans la préfecture, à aider les gens à se déplacer et ainsi améliorer leur vie. Je suis en train de créer un système dans lequel non seulement le secteur privé, mais aussi le secteur public peuvent travailler ensemble pour mettre en place ce type d’initiative. N’oublions pas non plus les parcs, car ils sont essentiels à la vie. Afin d’accroître leur valeur et leur attrait, nous avons lancé une initiative visant à accroître la valeur et l’attrait des parcs relevant de la compétence de divers départements. Je travaille actuellement sur des initiatives concrètes comme celle-ci, car je souhaite créer un ensemble où chacun puisse faire l’expérience d’une telle richesse et d’un tel bonheur.
Le vieillissement de la population est un problème qui concerne Shiga. Quelles politiques menez-vous à ce propos ?
M. T. : C’est aussi une question très philosophique. Tout d’abord, avant de parler du déclin démographique, nous devons valoriser le rôle joué par chaque individu. La vie de chacun est importante, et nous voulons adopter des politiques qui valorisent chaque individu. En vieillissant, nous nous affaiblissons, mais en même temps, nous disposons d’une vaste richesse de connaissances et de compétences, et nous devons utiliser nos propres capacités même lorsque nous vieillissons. Cela peut se faire en pratiquant un loisir, en faisant du bénévolat ou en fréquentant le Centre d’animations pour senior. Notre objectif est de fournir un endroit où chaque personne peut être utile en utilisant ses capacités. Nous les appelons les “seniors actifs”.
Un autre point important est ce que j’appelle avec insistance “les enfants, les enfants, les enfants”. Ils sont notre espoir pour l’avenir, nous devons donc consacrer nos efforts et notre énergie à les protéger et à les éduquer. Nous devons leur offrir la possibilité de découvrir toutes sortes de choses, coopérer avec les entreprises pour enrichir leurs activités dans les clubs de loisirs et proposer des leçons axées sur l’environnement, telles que les activités d’apprentissage “Umi no Ko” sur le lac Biwa. Notre objectif est d’aider les enfants à acquérir les compétences et la sagesse nécessaires pour vivre dans le futur. Je pense qu’en mettant en œuvre de telles politiques, nous pouvons créer une société où chacun peut être en bonne santé et fidèle à lui-même, même s’il est âgé ou fragile.
Quelle est votre position par rapport au tourisme de masse ?
M. T. : Je ne suis pas vraiment d’accord avec le terme ou le concept de tourisme de masse ou, pire encore, de surtourisme. Bien sûr, nous voulons que les personnes qui visitent notre préfecture rentrent chez elles heureuses et satisfaites, mais nous ne pouvons pas oublier les habitants de la région. Elles devraient aussi être heureuses. A cet égard, nous devrions poursuivre une forme de tourisme qui rende tout le monde heureux. Pendant la pandémie, nous avons inventé un nouveau mot-clé pour le tourisme : le shigarisme, qui rime également avec le terme “rythme” tel qu’il est prononcé en japonais. Nous voulons créer un type de tourisme à Shiga qui permettra aux gens de respirer profondément, de se détendre et de se sentir revigorés tout en profitant de la nature, des rythmes de vie quotidiens et de diverses activités. Au lieu de ressentir de la rancune envers la présence des touristes, je veux que les habitants de Shiga les rencontrent et partagent des choses avec eux.
L’un des thèmes que nous avons proposés est celui des Mother Lake Goals (MLG), une sorte d’objectifs de développement durable (ODD) pour le lac Biwa. Nous en discutons depuis une dizaine d’années et nous avons fixé quelques critères. Par exemple, les élèves des écoles primaires et secondaires qui viennent visiter la préfecture de Shiga dans le cadre d’un voyage scolaire peuvent participer à des activités telles que le nettoyage du lac et l’observation de la faune.
Comme vous l’avez dit, il peut être difficile de concilier les avantages économiques du tourisme avec les intérêts des habitants.
M. T. : Oui, mais, comme Claude Leblanc, le fondateur de Zoom Japon, me l’a appris lors d’une séance d’étude il y a quatre ou cinq ans, le tourisme favorise la diversité. Il peut être utilisé comme un outil important, ou un point d’entrée. Évidemment, le surtourisme, comme toute forme de surexploitation, peut avoir des effets négatifs, mais il y a des choses que l’on ne peut découvrir qu’en visitant d’autres régions ou d’autres pays, comme manger des plats différents et interagir avec les habitants. La préfecture de Shiga s’est enrichie de cette expérience. Alors, même si cela peut représenter un problème collectif en cas de suractivité, nous aimerions chérir cette idée. Après tout, le mot “tourisme” en japonais se dit “kankô” (観光), ce qui signifie “voir la lumière”.
Pourriez-vous nous en dire plus sur le tourisme expérientiel et le tourisme environnemental.
M. T. : En effet, “l’expérience” est l’un des éléments sur lesquels nous nous concentrons dans notre politique. Nous voulons que les gens découvrent l’immensité du lac Biwa et l’artisanat local. Il est important non seulement de voir les choses, mais aussi de les essayer soi-même et de les ressentir avec son corps. Par exemple, nous voulons présenter les lieux de fabrication et de transformation du thé, mais aussi le processus de fabrication du saké (voir pp. 23-25), de la culture du riz à la fermentation, où il est fabriqué, et les entrepôts où il est stocké. La nourriture est une autre source importante d’histoires. Nous aimons manger, bien sûr, mais au-delà de la nourriture, nous voulons créer un environnement où les gens peuvent entendre les histoires des champs et des rizières, et rencontrer les chefs.
Vivre des expériences est bien sûr très bénéfique pour les enfants, en particulier lors de voyages scolaires, c’est pourquoi nous encourageons le développement du tourisme éducatif. De plus, lorsque l’on met l’accent sur les expériences lors de voyages éducatifs, le tourisme respectueux de l’environnement vient immédiatement à l’esprit. Nous offrons donc des occasions de découvrir l’écologie des êtres vivants et d’apprendre à profiter des sites touristiques en utilisant les transports en commun, sans produire beaucoup de déchets.
Une autre chose qui me tient à cœur est le cyclisme. En ce moment, la préfecture de Shiga organise un circuit à vélo autour du lac Biwa appelé Biwaichi. Ainsi, nous faisons la promotion du vélo comme une forme de tourisme écologique et saine. Vous pouvez faire le tour des villes à vélo et profiter de notre magnifique nature. C’est bien de conduire une voiture, mais quand on fait du vélo, on sent le vent. On entend aussi des sons différents. C’est agréable de faire du vélo en écoutant les vagues du lac Biwa tout proche et le chant des oiseaux. Par exemple, vous pouvez rouler sur la rive orientale du lac et voir les montagnes enneigées sur la rive opposée. Vous pouvez profiter des couleurs saisonnières, avec le lac au milieu et les montagnes à proximité. Les routes autour du lac Biwa sont plates et nous les avons élargies pour faciliter le cyclisme. Nous travaillons également à la création de nouveaux itinéraires. Nous espérons rendre cela accessible au plus grand nombre.
Pourriez-vous m’en dire plus sur les MLG ?
M. T. : Comme je l’ai mentionné précédemment, il s’agit d’une version locale des ODD pour le lac Biwa. Afin de transmettre aux prochaines générations les connaissances sur la richesse et la beauté du lac Biwa, nous devons discuter et prendre de nouvelles initiatives, non seulement par l’intermédiaire du gouvernement, mais en impliquant tout le monde. Nous avons créé une liste de 13 objectifs. Par exemple, le premier est de rendre l’eau pure et propre. Afin d’atteindre ces objectifs, nous travaillons actuellement à transmettre le message via les sites Internet et les médias sociaux, en organisant des ateliers pour élargir sa portée et en connectant chaque entité grâce à ce type d’activités. Nous espérons créer quelque chose de bien ensemble. Le 27 août est la Journée mondiale des lacs. Cette journée internationale a été créée le jour de l’ouverture de la première Conférence mondiale sur les lacs, qui s’est tenue en 1984 sur les rives du lac Biwa. Nous avons participé à de nombreuses activités pour lutter contre sa pollution et la détérioration de l’environnement. Il est de notre responsabilité de partager cette expérience avec le reste du monde. Le washoku (cuisine japonaise) est inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. La préfecture de Shiga possède un riche terroir gastronomique et le système du lac Biwa a été reconnu comme un système ingénieux du patrimoine agricole mondial.
Quels efforts faites-vous pour protéger et diffuser cette richesse ?
M. T. : Manger est une activité qui nous permet de ressentir la joie d’être en vie et qui rend le moment et le lieu agréables. Nous voulons chérir l’acte de préparer la nourriture et de manger ensemble. L’agriculture joue un rôle important à Shiga. Il y a aussi du poisson et d’autres produits uniques au lac Biwa, et nous sommes riches en produits tels que le riz. Il existe également de nombreux produits fermentés qui sont ancrés dans la culture locale, tels que les cornichons, le funazushi (sushi fermenté, voir Zoom Japon n°72, juillet 2017), la sauce soja et le saké.
Aujourd’hui, comme dans de nombreux autres pays, le nombre de japonais travaillant dans l’agriculture, l’élevage et la pêche diminue car il est difficile de vivre de ces activités. Afin de relever ces défis, je voudrais travailler à la création d’un système-cadre qui relie les producteurs et les consommateurs. En 2022, ce système durable dans lequel les gens prennent soin de l’environnement a été reconnu comme un système ingénieux du patrimoine agricole mondial, et je voudrais donc renforcer encore nos efforts en créant un récit sur ces questions et en le présentant à tous avec la nourriture.

Les transports publics sont un sujet très important, tant pour la vie quotidienne des habitants que pour le développement du tourisme. Pouvez-vous évoquer le problème ferroviaire à Shiga ? L’avenir du chemin de fer d’Ômi, par exemple, est un sujet d’inquiétude depuis plusieurs années.
M. T. : C’est un sujet tellement vaste qu’il est difficile de répondre en un mot. Tout d’abord, les transports publics sont très importants dans notre vie quotidienne, pour se déplacer, aller au travail et rencontrer des gens. Mais la situation est difficile car le nombre de personnes utilisant les bus et les trains a diminué. En effet beaucoup ont arrêté à cause de la crise sanitaire. De plus, il y a moins de conducteurs de trains. Les transports en commun n’ont plus tellement la cote.
Mais cela signifie-t-il pour autant qu’ils devraient disparaître ou que la voiture suffit ? De plus en plus de personnes ne peuvent plus conduire en vieillissant et les touristes ont généralement besoin des transports en commun pour se déplacer. Nous devons donc créer une communauté qui valorise cette manière de se déplacer. Nous en avons fait notre vision. Nous organisons maintenant des ateliers et discutons de nouveaux plans pour la concrétiser. Nous tiendrons un forum en février sur le bonheur d’une vie avec des transports publics pratiques et faciles à utiliser. L’important est que nous ne voulons pas que cela finisse par être une chimère. Les gens disent : “J’aimerais que ce soit comme ça, mais nous ne pouvons pas le faire parce que nous n’avons pas l’argent”. D’accord, alors comment créer les ressources financières pour en faire une réalité ? Bien sûr, le soutien financier du gouvernement national est indispensable. De plus, il serait nécessaire que la compagnie ferroviaire propriétaire fasse un maximum d’efforts et que les utilisateurs supportent une partie des coûts. Cependant, je crois que ce ne sont pas seulement les utilisateurs qui bénéficient des transports publics, mais aussi tous ceux qui vivent dans la région. C’est pourquoi nous discutons d’un système où tout le monde soutiendrait les transports publics.
Le chemin de fer d’Ômi est une ancienne voie ferrée construite il y a plus de 120 ans, pendant l’ère Meiji (1868-1912). Il s’étend sur environ 60 kilomètres et compte 33 gares dans la préfecture, couvrant cinq villes et cinq villages (voir pp. 26-29). Dans le passé, il représentait un moyen de transport public indispensable dans la région à l’est du lac Biwa, qui était plutôt isolée. Cependant, il y a huit ou neuf ans, le président de la compagnie aurait exprimé le risque de faillite de l’entreprise si la situation demeurait ainsi. J’ai alors décidé d’étudier le sujet et ses possibles solutions. Mon raisonnement était le suivant : si le train n’est plus nécessaire, fermons-le. Cependant, si les gens pensent qu’il est encore indispensable, nous devrions tous collaborer pour le préserver. Nous avons compris que les habitants avaient besoin et souhaitaient toujours utiliser le chemin de fer. Ainsi, pour sa sauvegarde, il nous a semblé nécessaire que, non seulement le secteur privé, mais également la préfecture et la ville s’investissent ensemble. L’année dernière, nous avons introduit un nouveau système mixte public-privé. Dans ce système, la compagnie ferroviaire actuelle n’est responsable que de l’exploitation et du service du chemin de fer, tandis que la préfecture et les municipalités sont responsables des installations telles que les voies et les véhicules ferroviaires. Elle est ainsi immédiatement devenue rentable et l’ensemble de l’opération a créé un cercle vertueux, qui a motivé la compagnie ferroviaire à améliorer encore son service. Désormais, les personnes de plus de 65 ans peuvent voyager autant qu’elles le souhaitent pour 100 yens par trajet. Mon expérience avec le chemin de fer d’Ômi montre que si nous nous serrons les coudes, de nouveaux défis peuvent être relevés et diverses idées peuvent naître.
Pour les touristes étrangers, les transports en commun sont souvent la seule option.
M. T. : Les trains sont importants à cet égard aussi. Nous devons reconnaître et améliorer les transports en commun afin que tout le monde puisse les utiliser facilement. Par exemple, monter et descendre du train sans avoir à acheter un billet à chaque fois. Il faut également fournir plus d’informations en plusieurs langues. J’aimerais que l’on s’y attelle davantage à l’avenir. N’oublions pas non plus le “dernier kilomètre”. En effet, vous descendez du train, mais votre destination peut être un peu éloignée de la gare, et le bus ne passe pas avant un certain temps, surtout dans les zones rurales, ou vous devez prendre un taxi. Il reste encore beaucoup à faire, et nous devrions essayer de nouveaux systèmes de transport, comme le covoiturage, la conduite autonome, etc.
En dehors du tourisme, l’année dernière et l’année précédente, nous avons mené une expérience sociale sur l’utilisation des transports publics pour les trajets domicile-travail. Les employés de l’entreprise qui avaient l’habitude de conduire leur propre voiture ont commencé à se rendre au travail en train ou en bus, à titre d’essai. A l’époque, le président de l’entreprise a déclaré que la plupart des employés qui avaient participé à cette expérience n’avaient pas voulu utiliser les transports publics. Cependant, ils ont également compris qu’en se déplaçant de cette façon, ils avaient davantage marché, ce qui était bon pour leur santé. De plus, vous pouvez lire des livres sur le chemin du travail, ce qui est plus intelligent. Et puis, cela donne l’opportunité de découvrir de nouveaux itinéraires, peut-être meilleurs, vous pouvez en faire plus et vous amuser davantage. Si les gens peuvent ressentir les avantages des déplacements en transports en commun au lieu de conduire leur propre voiture, ce sera une situation gagnant-gagnant pour les chemins de fer et les usagers.
Shiga ne possède pas de centrale nucléaire, mais la préfecture de Fukui en compte plusieurs. En cas d’accident, le lac Biwa pourrait être contaminé. Quelle est votre politique en matière de prévention ?
M. T. : Il y a de nombreuses centrales nucléaires dans la préfecture de Fukui, qui est située à côté de celle de Shiga, principalement dans la région de Wakasa. Il y a plus d’installations ici que dans d’autres régions, y compris des centrales actuellement en activité, d’autres qui ne le sont plus, mais aussi des sites qui seront déclassées à l’avenir. Nous sommes reconnaissants envers les habitants de la région et respectons ceux qui travaillent dur pour assurer la sécurité des installations. Bien que nous ne soyons pas directement impliqués dans les questions de sécurité de ces centrales nucléaires, nous participons aux mesures de prévention des catastrophes et de sécurité et nous attachons toujours de l’importance à la communication des risques sur ce qui se passe actuellement, le type de problème survenu et les mesures prises. En même temps, nous nous entraînons ensemble à évacuer et à rétablir la sécurité en cas de problème. Nous n’avons peut-être pas autant d’histoire ou d’expérience que Fukui, mais si quelque chose devait se produire, les dégâts seraient considérables. C’est pourquoi nous voulons être aussi prêts que possible lorsqu’une situation dangereuse se présentera.
Propos recueillis par Gianni Simone