
« Un pas, une pierre, un chemin qui chemine. Un reste de racine, c’est un peu solitaire. C’est un éclat de verre, c’est la vie, le soleil ». George Moustaki chantonnait ces images d’un automne brésilien dans Les Eaux de mars en 1973. Cinquante années plus tard, Shin’ya Komatsu s’inspire de cette ritournelle pour dessiner les images d’un mois d’août océanique, d’un été paisible et nonchalant, dans son deuxième ouvrage, Souvenirs de la mer assoupie. Laissez-vous guider par Lisa Bordermer, sous le soleil de la mer Égée, direction l’île de Cap Vendredi et ses maisons blanches comme des cristaux.
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« Tu as déjà aperçu la pleine lune au beau milieu de la journée, n’est-ce pas ? Ces jours-là, quand les vagues se brisent sur la plage, leurs gouttes se figent pour imiter la Lune et forment des perles de verre marin. »
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C’est sur la plage d’Aoûtia que Lisa a trouvé, dans un étui couvert de coquillages, un violon de verre. Depuis, elle s’entraîne à jouer récitals et compositions pour dompter les notes de ce trésor marin. C’est que la mer regorge de perles et autres pépites que notre prodige d’eau douce s’apprête à découvrir au gré de ses flâneries, accompagné de son amie Monako Creta. Une aventure qui ne pourrait commencer sans une bonne limonade bien fraîche préparée par un marchand-magicien aux drôles d’histoires, ou alors sans le choix gourmand du parfum d’un granité délicieux (melon, fraise ou thé vert et aux haricots sucrés ?).
Somnoler à bord du tramway qui longe la côte, dépasser Radieuse-les-Bains pour atterrir sur l’île du Roupillon et se perdre dans les rêves d’un drôle de bigorneau : le siestacé. Rencontrer un voyageur qui traverse le ciel en domptant le vent, puis pique-niquer à bord d’un phare ambulant jusqu’à un océan de fleurs dorées. Se préparer au grand réveil de la mer, qui attend impatiemment l’arrivée de la Lune tout près d’elle, et observer la formation des perles de mer. Shin’ya Komatsu nous offre ici une contemplation maritime dans une palette de couleurs en six chapitres qui donnent définitivement le goût de l’été.
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« Les vagues se sont mises à danser en suivant les méandres d’une étrange mélodie. Ces sons que j’entendais pour la première fois me semblaient pourtant très familiers… »
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Une sieste estivale qui se poursuit avec les Chroniques de la colline aux étourdis, 24 drôles petites histoires publiées dans le quotidien Kôchi Shimbun au printemps 2009. Une mélodie des mers du Sud pour un cumulo-cactus, du linge qui sèche et se teinte de soleil, ou un train aux papillons. L’univers de Shin’ya Komatsu n’a pas fini de faire rêver nos imaginaires.
Bon voyage !
Souvenirs de la mer assoupie, Shin’ya Komatsu, Éditions Imho, 2018, 109p, 16 €.






Fiona DANGLETERRE pour Zoom JAPON