Avec BL Métamorphose, Tsurutani Kaori propose l’un des mangas les plus réussis du moment.
Bien que les mangas mettant en scène des personnes âgées connaissent un succès important au Japon, ils restent encore assez méconnus à l’étranger. Cependant, les éditeurs occidentaux commencent à s’y intéresser comme en témoigne la sortie, ce mois-ci, de BL Métamorphose (Metamorufôze no engawa) de Tsurutani Kaori chez Ki-oon. L’histoire évoque la rencontre entre une veuve septuagénaire et une adolescente geek qui se lient d’amitié par l’intermédiaire d’un manga portant sur une romance entre hommes (BL ou Boy’s Love, comme on dit au Japon). Nous avons rencontré l’auteure chez son éditeur Kadokawa pour évoquer ce titre, sa carrière et son amour pour les mangas.
Originaire de la préfecture de Toyama, vous êtes, comme beaucoup de Japonais, venue dans la capitale pour vos études. Pensiez-vous déjà une carrière de mangaka ?
Tsurutani Kaori : Pas vraiment. En fait, avant de déménager à Tôkyô, je n’avais jamais dessiné. J’ai commencé quand j’ai rejoint le club de manga de l’université. Je composais surtout de courtes histoires de 4 pages, rien de plus. Chaque membre réalisait une histoire, puis nous les rassemblions dans un volume que nous vendions lors d’événements. Quoi qu’il en soit, j’aimais plus lire que dessiner. Encore aujourd’hui, chaque fois que je passe devant une librairie, je ne peux pas m’empêcher de visiter leur rayon manga.
Quel genre de manga aimez-vous ?
T. K. : Plus jeune, j’aimais plutôt les mangas pour les filles (shôjo). En primaire, j’avais l’habitude d’acheter le magazine Ribon que je dévorais avec ma petite sœur. Mon histoire préférée était Tokimeki Tonight sur une adolescente de 15 ans dotée de pouvoirs vampiriques. J’aimais bien aussi Marc et Marie (Haikara-san ga tôru). J’avais un faible pour les histoires dans lesquelles on trouvait des éléments de comédie loufoque. J’étais très shôjo. Puis, au collège, je suis tombée sur un roman de BL. Ça m’a plu, mais, à l’époque, je ne connaissais rien sur ce genre. J’ai commencé à lire le magazine Shônen Jump grâce au grand frère d’un ami qui me le passait chaque semaine. J’y ai adoré Slam Dunk, JoJo’s Bizarre Adventure, Dragon Ball. Aujourd’hui, je lis tout ce qui me passionne sans vraiment me soucier des genres.
Quand avez-vous commencé à penser sérieusement à devenir mangaka ?
T. K. : Après avoir terminé mes études, j’ai eu du mal à trouver un emploi. De plus, le travail de bureau ne m’intéressait pas vraiment. Je me voyais plutôt travailler de manière indépendante. C’est ainsi que j’ai fini par me lancer dans le manga. Disons que ce n’était pas prémédité. J’étais aussi assez naïve dans la mesure où je ne me rendais pas compte à quel point il était difficile de percer dans ce secteur. Je suis d’abord devenue freeter (voir Zoom Japon n°89, avril 2019), enchaînant les petits boulots tout en cherchant à m’établir comme mangaka. Puis, après avoir remporté un prix pour une œuvre de jeunesse, j’ai commencé à travailler comme assistante… et j’ai fait ça pendant dix ans (rires).