Témoin privilégié de la fièvre olympique, il y a 56 ans, Suzuki Shin’ichi se souvient de l’époque.
Tôkyô va organiser, cette année, pour la seconde fois de son histoire, les Jeux olympiques (JO). L’occasion de se souvenir de l’engouement suscité par le premier rendez-vous, il y a près de 56 ans. Au début de l’année 1964, l’attente pour cet événement qui se déroulerait 10 mois plus tard était à son paroxysme. Elle ne se relâchera qu’à la fin des Jeux. Une situation due en grande partie à la mobilisation médiatique qui a impliqué tout le monde, des mauvais garçons aux intellectuels les plus en vue.
Un certain nombre d’auteurs célèbres tels que Mishima Yukio et Ôe Kenzaburô, par exemple, ont couvert l’événement pour des quotidiens et des magazines. Mais tout le monde n’a pas considéré les JO de manière positive. En effet, plusieurs voix se sont montrées assez critiques à leur égard, parmi lesquelles Ishikawa Tatsuzô, le tout premier lauréat du prestigieux prix littéraire Akutagawa. Il était célèbre pour son esprit indépendant et souvent en contradiction avec la propagande d’Etat dans ses écrits. En 1938, par exemple, la revue Chûo Kôron l’avait envoyé en Chine pour couvrir la guerre et la prise de Nankin. Il en a rapporté Ikiteiru heitai [Soldats vivants], un roman si réaliste qu’il a été immédiatement interdit par les autorités et qu’Ishikawa a été arrêté en compagnie de quatre éditeurs pour “avoir troublé la paix et l’ordre”.