Les amateurs de baseball trouveront leur bonheur au Tôkyô Dome City. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon C’est dans la principale ville du pays que s’est écrite l’histoire des disciplines les plus populaires. Cela peut paraître évident, mais la plupart des sports modernes du Japon ont vu le jour à Tôkyô. C’est dans la capitale que certaines des disciplines les plus populaires d’aujourd’hui ont été introduites de l’étranger et pratiquées avant d’être étendues au reste du pays. Les éducateurs et les institutions académiques qui ont ouvert la voie étaient principalement situés dans les quartiers de Chiyoda et de Bunkyô. Dans cet article, nous vous proposons une promenade dans le centre de Tôkyô à la recherche de ces histoires.En descendant à la station de métro Kudanshita, nous entrons dans le parc Kitanomaru Kôen pour admirer le Nippon Budôkan. Bien que les amateurs de musique du monde entier le connaissent comme une célèbre salle de concert, cette arène, comme son nom japonais l’indique, est avant tout destinée aux arts martiaux japonais. C’est en effet là que se déroulent chaque année les championnats nationaux des principaux arts martiaux (judo, kendo, karaté, aïkido, etc.). Le Budôkan a d’ailleurs été construit à l’origine pour accueillir le tournoi de judo des Jeux olympiques de 1964, et lorsque les Beatles y ont joué en 1966 (voir Zoom Japon n°115, novembre 2021), de nombreuses personnes ont réagi violemment à l’idée qu’un lieu aussi respecté soit “profané” par des étrangers dépenaillés brandissant des guitares électriques.En traversant les douves, nous arrivons à Kagayaki Plaza, l’établissement pour personnes âgées du quartier de Chiyoda. Cachés entre ces bâtiments et ignorés de la plupart des passants, nous découvrons quelques vestiges en pierre dans un coin discret le long de la douve. Parmi eux, une pierre commémore l’école de gymnastique de l’Association japonaise d’athlétisme. C’est là que l’actuelle Université japonaise des sciences du sport a vu le jour en 1900. Certains affirment que le véritable site de l’école se trouvait dans l’actuel quartier de Shinjuku, mais il ne s’agissait alors que d’un club sportif. Cet institut, au contraire, était financé par le gouvernement, qui à l’époque encourageait fortement l’éducation physique, et il est devenu une école quasi-nationale, bien qu’il ait déménagé au bout de quatre ans seulement.Si vous traversez la rivière Nihonbashi sur le pont Kiji, situé à proximité, vous trouverez de nombreux établissements d’enseignement. Après 1868, le gouvernement a utilisé des terrains vacants qui servaient auparavant de zone tampon contre les incendies pour construire de nombreuses écoles (même l’ancien ministère de l’Education était situé dans cette zone). Par exemple, une autre école de gymnastique a été créée en 1878 dans le quartier où se trouvent aujourd’hui le collège Kanda Hitotsubashi et le bâtiment Shôgakukan. Cet institut, qui devint plus tard l’école normale supérieure de Tôkyô et fut rattaché au collège d’éducation physique de l’université de Tsukuba, servait à former les professeurs d’éducation physique et disposait d’un vaste terrain d’athlétisme.Au début du XXe siècle, parallèlement à l’expansion militaire du pays en Asie, l’éducation physique était considérée comme importante pour la formation des soldats. C’est pourquoi l’entraînement à l’infanterie était inclus dans le programme et certaines écoles disposaient même d’un stand de tir. Pendant de nombreuses années, un débat animé s’est poursuivi entre les défenseurs du sport et ceux qui pensaient que les hommes n’avaient pas besoin de jouer et qu’ils devaient plutôt se concentrer sur l’entraînement militaire.Le Gakushi Kaikan se trouve aujourd’hui en face du Shôgakukan et, à l’angle, on peut voir un monument à la forme étrange : une main géante tenant une balle de base-ball. C’est là que fut construite en 1873 l’université de Tôkyô qui a depuis changé de lieu. De nombreux professeurs étrangers y ont introduit plusieurs sports, notamment l’athlétisme et l’aviron. Parmi eux, l’instructeur américain Horace Wilson profitait de la splendide cour de récréation de l’école pour jouer au base-ball avec ses élèves. Après un certain temps, le baseball s’est développé au point que des jeux à part entière ont pu être joués. C’est pourquoi ce coin méconnu de Tôkyô est considéré comme le berceau du baseball au Japon.Le monument en bronze de 2,4 mètres de haut a été inauguré en 2003. Si vous regardez attentivement, vous remarquerez qu’une carte du monde est dessinée sur la balle, et que la couture relie le Japon et les Etats-Unis à travers l’océan Pacifique, symbolisant ainsi l’internationalisation du baseball. On dit également que la main qui tient la balle est une reproduction de la main du capitaine de l’équipe de baseball de l’université de Tôkyô.Le futur maître du haïku, Masaoka Shiki, est entré dans cette école en 1884 et est devenu si enthousiaste pour le baseball qu’il a non seulement continué à jouer jusqu’à ce qu’il tombe malade en 1890, mais qu’il a aussi trouvé des traductions japonaises de mots tels que “batteur”, “coureur”, “marche”, “flyball” et “shortstop”, et qu’il a même écrit des poèmes sur ce sport. L’un d’entre eux se lit comme suit : “Quand j’ai vu la balle / et le bois qui la frappait / et que j’ai mis ma chemise / je n’en croyais pas mes yeux”. Statue de Kanô Jigorô dans le jardin Senshunen, dans l’arrondissement de Bunkyô. / Eric Rechsteiner pour Zoom Japon Il a réussi à devenir l’un des plus grands poètes japonais avant sa mort prématurée en 1902, alors qu’il n’avait que 34 ans. Parmi ses contributions à la popularisation du baseball par le biais de la littérature, on peut citer Yamabuki no hitoeda [Une branche de roses jaunes des montagnes], considéré comme le premier roman sur le baseball au Japon. En reconnaissance de ces réalisations, il a été intronisé au Temple de la renommée du baseball en 2002.Aujourd’hui encore, Hitotsubashi et Jimbochô (voir Zoom Japon n°18, mars 2012) et Ochanomizu sont connus pour être des quartiersétudiants, car on y trouve de nombreux établissements universitaires. Avec le temps, la présence...