En 2024, un débat autour de komochi-sama, terme apparu il y a quelques années, a fait rage sur Internet chez les Japonais. Ko (enfant) et mochi (ayant) désignent, dans la plupart des cas, les mères de jeunes enfants, et l’ajout de sama est généralement une marque de respect, plus honorifique que san. Pourtant, dans le cas de komochi-sama, il n’y a rien d’honorifique. Le mot est employé ironiquement par des salariés excédés de devoir assumer les tâches laissées par les komochi, sans compensation. En effet, ces dernières bénéficient de nombreux aménagements au travail : elles peuvent s’absenter lorsque leurs enfants sont malades, partir plus tôt le soir, ne pas travailler le week-end et avoir la priorité pour les congés. D’où l’ajout de sama par certaines collègues pour souligner un privilège perçu comme un déséquilibre. Si je comprends ce sentiment, est-ce pour autant un signe de fermeture d’esprit ?
Évidemment, ces mères doivent pouvoir exercer leurs droits dans un système social qui rend difficile de concilier travail et éducation des enfants. Mais pourquoi celles ou ceux qui travaillent davantage ne bénéficient-ils de rien en retour ? Devrait-on simplement l’accepter en se disant qu’un jour, on bénéficiera du même traitement ? Mais ce « un jour », arrivera-t-il vraiment ?
Désormais, afin d’éviter les tensions entre employés, certaines entreprises accordent à tous des congés payés supplémentaires « pour prendre soin de ceux qui leur sont chers » – y compris les animaux de compagnie ! D’autres versent des primes à tous les employés lorsqu’un(e) collègue prend un congé maternité, histoire que tout le monde y trouve son compte. Une initiative rare, mais intéressante dans la société nippone ! Eh oui, quand le mode de vie évolue, les conditions de travail doivent suivre. Alors, pourquoi ne pas aller encore plus loin ? Moi, je veux une prime pour ma difficulté à négocier des augmentations auprès de mon patron français… et une autre pour mes collègues qui doivent me supporter au quotidien !
Koga Ritsuko