La région n’est pas seulement fameuse pour son saké. C’est aussi une zone de pêche remarquable durement éprouvée.
Les zones touchées par le tsunami sont également connues pour la richesse de leur pêche. “Notre saké s’accommode très bien avec notre poisson ! Ils sont indissociables !” répète-t-on ici et là chez les brasseurs de saké. Selon eux, le poisson local, les pêcheurs qui l’attrapent et le saké du terroir forment une Sainte Trinité qu’il est impossible de séparer. Dans les restaurants de la région, les chefs n’oublient jamais de servir le poisson avec l’alcool régional. Il est en totale harmonie avec le goût du poisson frais. L’alchimie parfaite.
Pour les pêcheurs, le saké est également un partenaire incontournable. Le tsunami a emporté la plupart de leurs bateaux. Lorsqu’ils mettent un nouveau bateau à la mer, ils organisent la cérémonie Nyûsui-shiki au cours de laquelle ils apportent du saké à bord de leur nouvelle embarcation. Ils le partagent alors ensemble pour renforcer les liens qui les unissent. “C’est une tradition au sein de notre communauté locale. Chaque fois qu’il y a quelque chose à célébrer, nous échangeons du saké puis nous en aspergeons le bateau”, rappelle Satô Takehiko, 57 ans, originaire de Rikuzentakata, dans la préfecture d’Iwate. En septembre dernier, il a acquis un nouveau bateau de pêche qu’il a baptisé Dai-hachi Yamatomaru. Ses amis pêcheurs lui ont offert pour l’occasion du Suisen, un saké local, dont l’étiquette porte le nom de son bateau.
En dehors des cérémonies et des fêtes, le saké est un compagnon pour les pêcheurs qui en ont toujours à bord. Après leur journée de labeur, ils boivent, tout en dégustant quelques unes de leurs prises. “Le saké et le poisson ne font qu’un ici”, lancent-ils. Parallèlement à la popularité croissante du saké en provenance du Tôhoku, sa relation particulière avec les pêcheurs du cru laisse supposer des lendemains qui chantent pour l’industrie locale.
Le gouvernement a décidé de fournir aux pêcheurs de la région du nouveau matériel de réfrigération plus moderne et plus imposant pour remplacer les congélateurs détruits par la vague géante. Avec l’ancien matériel, la distribution du poisson était beaucoup plus limitée. Les nouveaux appareils doivent l’améliorer considérablement afin de permettre au poisson de la région d’être acheminé partout dans l’archipel et même au-delà des frontières nationales.
Que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur du pays, le saké du Tôhoku gagne de plus en plus les faveurs du public. Les pêcheurs veulent profiter de cet engouement pour renforcer leur lien avec ce partenaire local afin de conquérir le monde. Peu à peu, l’idée fait son chemin.
Makiko Segawa