Je rêvais de déjeuner à la française en buvant du vin. Cet acte banal en France n’est pas courant dans mon pays, même pas de bière, strictement aucun alcool avant la fin du travail quotidien. Lors de mon premier séjour en France, à 18 ans, je buvais du coca (la loi japonaise n’autorise la consommation d’alcool qu’à partir de 20 ans) à côté d’expatriés japonais stagiaires de langue qui, dès le midi se régalaient de Bordeaux en se lâchant. D’ailleurs je trouvais toujours absurde que mon coca coûte plus cher que leur rouge !
Sinon j’aime bien en général la façon de servir et de boire de l’alcool en France. Si je n’ai pas envie de picoler, je peux le dire ouvertement et personne ne me force en rien, je peux boire à mon rythme. La plupart des gens connaissent leur limite plus que mes compatriotes, et je vois rarement ici, le soir, des gens en costume avec une cravate attachée autour de leur tête. J’apprécie également le fait que ce sont les hommes qui servent à boire aux autres et pas les femmes. Grâce à cela ou à cause de cela, à table j’ai perdu l’habitude de me soucier de remplir le verre vide de mes voisins. Je ne pourrai jamais devenir une charmante geisha, tant pis !
Aujourd’hui, je consomme de l’alcool mais ne le supporte pas toujours bien, surtout le vin blanc et le champagne me font mal à la tête. Quel dommage ! Ce n’est que très récemment que j’ai appris à apprécier le vin rouge, mais du bon. Pourtant, ce n’est pas évident et facile de repérer un vin qui me convienne et les AOC ne me disent absolument rien. La seule règle que j’ai apprise de mon mari : «Si tu ne sais pas quoi prendre, prends du Côte du Rhône, c’est une valeur sûre» transmise par son père. Ce dont je rêve maintenant, c’est de me rincer la gorge avec du pinard, debout pendant des heures au comptoir avec des messieurs dignes aux joues rouges !
Koga Ritsuko