En misant sur Kikuo plutôt que sur Shunsuke, Hanjirô (Watanabe Ken) rompt avec la tradition. / ©SHUICHI YOSHIDA/ASP ©2025 "KOKUHO" Film Partners Avec son Maître du kabuki, le cinéaste a réconcilié le public avec un art ancestral en perte de vitesse. 2025 aura été une année historique à bien des égards pour le Japon. L’élection de Takaichi Sanae à la tête du Parti libéral-démocrate qui a fait d’elle la première Première ministre du pays restera dans les mémoires comme l’incroyable succès du film Le Maître du kabuki (Kokuhô) de Lee Sang-il qui a battu tous les records en termes d’entrées et de recettes. Pour un long-métrage ayant comme toile de fond, le théâtre kabuki, cet engouement populaire ne manque pas de surprendre, y compris le réalisateur qui ne s’attendait pas à mobiliser des millions de spectateurs pour ce projet au long cours. “L’idée de faire un film autour du kabuki remonte à environ une quinzaine d’années. À l’époque, j’avais été intéressé par le travail de Nakamura Utaemon VI, un acteur qui était déjà décédé, mais dont les textes et les vidéos sur lesquels j’étais tombé m’avait particulièrement plu. J’ai vraiment été séduit par sa personnalité, par son art du Kabuki bien sûr, mais surtout par sa vie, sa manière de vivre, où j’ai trouvé vraiment quelque chose d’exceptionnel”, confie le cinéaste. Il s’est finalement décidé à prendre le sujet à bras-le-corps après la lecture du roman de Yoshida Shûichi, Kokuhô [Trésor national, inédit en français] qu’il a donc choisi de porter à l’écran. C’est la troisième fois qu’il adapte une œuvre du romancier. “Je dirais qu’il existe une véritable affinité entre nous”, assure-t-il. “J’apprécie sa manière de dépeindre l’humanité des personnages. Il a cette capacité à saisir la force de vie des êtres humains, et en même temps leur laideur. C’est cette complexité qui m’a beaucoup touché dans sa façon d’aborder l’univers du kabuki”. Son film ne porte en réalité pas sur cet art théâtral qui s’est développé au XVIIe siècle. “Il s’agit davantage d’un drame humain sur les acteurs de kabuki et les familles qui les soutiennent que sur le kabuki en lui-même. Le sujet de ce film porte sur les onnagata, ces acteurs masculins qui jouent des rôles féminins”, poursuit Lee Sang-il. Cette dimension dramatique est parfaitement maîtrisée par l’ensemble des acteurs, en particulier Yoshizawa Ryô et Yokohama Ryûsei qui interprètent les deux principaux rôles adultes tout comme Kurokawa Sôya et Koshiyama Keitatsu qui les jouent quand ils sont plus jeunes. “J’ai décidé de faire appel à des acteurs de cinéma plutôt qu’à des acteurs de kabuki. C’était un pari risqué”, concède le réalisateur....