Si l’envie vous prend un jour de vous rendre dans l’un des 700 bains publics de la capitale, voici trois adresses incontournables. Dans la matinée du 1er septembre 1923, il y avait plus de 2 000 établissements de bains publics à Tokyo. Deux jours plus tard, seuls 400 étaient encore debout après le grand tremblement de terre qui a frappé la ville ce jour-là. Aujourd’hui, on en compte 700. La plupart sont concentrés à shitamachi, la ville basse, ou dans les quartiers populaires situés à l’est de la capitale. Nous avons visité trois des plus beaux sentô de la ville qui représentent parfaitement cette tradition ancienne. Takara-yu est, comme son nom l'indique (takara signifie trésor en japonais), un vrai petit bijou. Caché dans une des ruelles du quartier de Kita-Senju, son extérieur n’a pas bougé depuis 1937, année où il a été construit. Un exploit exceptionnel dans un pays où les bâtiments en bois - y compris les temples et sanctuaires - sont régulièrement reconstruits pour remplacer les matériaux usés par le temps. Certaines de ses plus belles caractéristiques peuvent ainsi être appréciées avant même de mettre le pied à l'intérieur. La sculpture qui se trouve au-dessus de l'entrée principale représente les sept Divinités du bonheur (Shichi Fukujin).Créé à partir d'un bloc de bois unique, ce chef-d'œuvre a été réalisé par le même artiste qui a sculpté les trois célèbres singes du sanctuaire Tôshôgû à Nikkô. La sculpture est surmontée d'une grue - une marque de chance - et d’un pin (matsu en japonais) pour représenter le nom du propriétaire, Matsumoto . Un autre symbole typique de la culture du bain (née à l'époque d'Edo) est constitué par l’arc et les flèches qui se balancent sur la gauche. On dit qu’ils sont là pour attirer les clients. Leur nom japonais yumiya est un jeu de mots avec l'expression “yu ni iru” qui signifie “entrer dans l'eau”. Un autre des joyaux de Takara-yu est son magnifique jardin japonais avec un étang dont les carpes koï ont plus de 50 ans. Shimizu- yu se trouve, quant à lui, dans l’arrondissement de Shinagawa. C’est un exemple élégant de la façon dont les bains publics ont évolué afin de répondre aux goûts populaires. Il a été inauguré en 1924, raconte Kawagoe Tarô qui représente la troisième génération de propriétaires. Son père a pour sa part décidé de chercher une source d'eau chaude pour relancer son affaire qui battait de l’aile. Il est tombé sur de l’“or noir” (couleur de l'eau de source chaude à Tokyo) en 1994 avant de découvrir encore mieux en 2007 : l’“eau dorée” qui est célèbre pour ses vertus curatives. L’eau de source chaude provient de 200 mètres sous terre....