Inscrit en 2004 au Patrimoine mondial de l’Unesco, le mont Kôya, haut lieu du bouddhisme, réserve bien des surprises. L’endroit est souvent négligé par les touristes étrangers qui lui préfèrent Kyôto ou Nara. Pourtant, le mont Kôya, Kôya-san pour les initiés, est un lieu extraordinaire qui mérite que l’on y passe un peu de temps. D’autant qu’il n’est pas si compliqué de s’y rendre. Il faut compter environ deux heures et demie de transport au départ d’Ôsaka, de Kyôto ou de Nara. C’est un lieu unique et envoûtant pour peu que l’on s’y rende un jour où la brume envahit l’espace, enveloppant les arbres, les temples et autres sanctuaires. C’est un endroit mystique qui, il y a près de 1200 années, a séduit le moine Kûkai (rebaptisé à titre posthume Kôbô-Daishi) à son retour de Chine où il était parti étudier la doctrine tantrique Chanyang. La légende dit que ce sont des divinités shintô qui l’ont amené jusqu’à cette montagne extraordinaire difficile d’accès et située à 1000 mètres d’altitude. Ayant réussi à convaincre l’empereur de lui accorder le droit d’y créer un ermitage, le moine inaugure, en 832, le Kongôbu-ji, le premier temple où il va prêcher sa doctrine Shingon-shû, adaptation de celle qu’il a étudiée sur le continent. Il désignait aussi l’ensemble du domaine de Kôya-san. Le temple, qui porte aujourd’hui ce nom (8h30-17h, 500 yens), est bien plus récent, mais il fait office de monastère principal du bouddhisme Shingon-shû. Il abrite notamment le plus grand jardin de pierre du Japon, le Banryû-tei, avec ses rochers qui évoquent des montagnes émergeant d’une mer de nuages. Le plus ancien des édifices visibles au mont Kôya remonte à 1197. Il a échappé aux nombreux incendies qui ont détruit la plupart des autres temples. Classé trésor national, le Fudô-dô n’a pas la majesté d’autres bâtiments, mais il s’en dégage une sérénité devant laquelle on ne reste pas insensible. Il se situe dans l’enceinte du site Danjô Garan composé de cinq éléments dont le premier est la Porte principale (Daimon). Implantée à l’entrée de la ville, c’est un édifice imposant de 25 m de haut flanqué de deux divinités dont la mission est de protéger Kôya-san. Beaucoup de touristes s’y arrêtent car le lieu offre une belle vue sur la Mer intérieure et lorsque le temps est dégagé, les couchers de soleil sont appréciés par les photographes amateurs. Ces derniers aiment aussi s’arrêter devant Daitô, la Grande pagode (8h30-17h, 200 yens), conçue par le moine Kûkai comme l’élément central de son complexe monastique. Le bâtiment original fut construit en 816 et demanda 70 ans de travaux. Mais il n’a pas résisté aux incendies. La pagode actuelle date de 1937. Elle mesure 49 m de haut et abrite une statue du bouddha Mahâvairocana accompagnée de quatre bouddhas et de seize bodhisattvas peints sur des pilliers. Cette disposition est l’expression tridimensionnelle des mandalas (images servant de support symbolique à la méditation) du bouddhisme Shingon-shû. Cette secte bouddhiste revendique quelque douze millions d’adeptes et professe une doctrine selon laquelle chaque individu peut prétendre à l’Eveil et devenir bouddha, l’illumination s’atteignant par la répétition inlassable des mantras (formules incantatoires) et la visualisation des mandalas. Face à la Grande pagode, on peut visiter le Pavillon d’or (Kondô, 8h30-17h, 200 yens) où ont lieu les principaux services bouddhiques. Initialement bâti en 819, la structure en place aujourd’hui a été construite en 1932. Juste à côté se trouve le dernier bâtiment de l’ensemble Danjô Garan. Il s’agit du Mie-dô ou Pavillon des portraits. L’édifice n’est pas accessible au public, mais il revêt une certaine importance puisque c’est ici que le moine Kûkai aurait résidé. On y trouve un portrait de ce dernier peint par son disciple Shinnyo, un prince impérial. Le bâtiment est ouvert une fois par an, la veille du 21 mars selon le calendrier lunaire, date à laquelle Kûkai serait entré en méditation pour l’éternité en 835 (date de son décès). Pour voir des œuvres d’art appartenant aux différents monastères du mont Kôya, il est recommandé de se rendre au musée Reihô-kan (8h30-17h30 de mai à octobre et 8h30-17h de novembre à avril, 600 yens) situé de l’autre côte de la rue qui longe le Danjô Garan. L’établissement abrite de très nombreuses pièces majeures de l’art bouddhique dont la plupart est classée trésor national. Le second ensemble...