Dans un grand souffle de poésie, les deux auteurs de La Maison en petits cubes nous offre une belle leçon d’humanité.
Oscarisé en 2009, La Maison en petits cubes, le court-métrage de Katô Kunio et Hirata Kenya, est aujourd’hui adapté en livre, ce qui permet en définitive de lui donner une visibilité bien plus grande. On le sait, les courts-métrages ne sont quasiment jamais diffusés à la télévision et au cinéma, il faut assister à des festivals pour avoir la chance d’en voir. Aussi, il faut féliciter l’initiative de nobi nobi ! d’offrir au public francophone la chance d’accéder à une œuvre d’une grande sensibilité et d’une très grande poésie. Si, de prime abord, elle s’adresse à un jeune public, on s’aperçoit très vite que l’on a affaire à un ouvrage qui transcende les générations et qui parle à chacun. Les auteurs capables de produire des œuvres de portée universelle sont suffisamment rares pour insister sur ceux qui y parviennent. Dans cette histoire où les souvenirs s’emboîtent et obligent le personnage principal à littéralement “plonger” dans le passé, il y a un souffle poétique d’une rare délicatesse. Le duo fonctionne très bien, donnant ainsi naissance à une œuvre profonde et sensible qui plaira aux petits comme au grands. Le dessin traduit parfaitement le propos du scénario et les mots apportent ce qu’il faut de sens pour qu’ils n’alourdissent pas l’ensemble. Un joli cadeau.
Odaira Namihei
Interview : Katô Kunio mise sur la simplicité
Comment est né le projet de La Maison en petits cubes ?
Katô Kunio : On m’avait demandé de réfléchir à la conception d’un film d’animation de dix minutes qui s’intégrerait à un ensemble. Je souhaitais aborder de façon symbolique la vie d’un homme seul. C’est un thème qui s’est imposé tout seul à partir de cette idée de superposition des maisons.
En général, quand on prépare un dessin animé, on part d’un scénario avant de se lancer dans la création des décors. Est-ce que cela s’est passé de la même façon pour La Maison en petits cubes ?
K. K. : Pas exactement. C’est un mélange des deux à vrai dire. Mais il y a d’abord eu une image. Je l’ai montrée à Hirata Kenya, le scénariste, qui a bâti l’histoire à partir de ce qu’il avait vu.
Quand avez-vous commencé à vous intéresser au dessin ?
K. K. : Ça remonte à très loin. Lorsque que j’étais encore un très jeune enfant, ma mère m’a donné des crayons et des ciseaux. Elle m’a alors dit de faire quelque chose de créatif.
Combien de temps vous a-t-il fallu pour réaliser cette œuvre ?
K. K. : Pour créer le dessin animé, il m’a fallu 4 mois pour le concevoir et 8 mois pour le réaliser.
Dans votre œuvre, vous vous montrez particulièrement intéressé par le thème de la vie et de la mort.
K. K. : En effet. De façon générale, je m’intéresse beaucoup à la façon dont les gens vivent. C’est très important d’y faire attention.
Vouliez-vous délivrer un message en réalisant La Maison en petits cubes ?
K. K. : Je ne trouvais pas très intéressant d’essayer de traduire cela avec des mots. Mon objectif était surtout d’exprimer l’ensemble de façon symbolique. Qu’est-ce qui est important dans notre existence et comment nous parvenons à la vivre. Voilà ce qui me semble important de mettre en avant.
Les événements du 11 mars 2011 ont-ils influencé ou vont-ils influencer votre œuvre ?
K. K. : Ce qui s’est passé le 11 mars est évidemment une catastrophe majeure. Cela m’a fait beaucoup réfléchir tout au long des mois qui ont suivi la catastrophe. Cependant, je ne pense pas que cela aura un impact sur mon travail. Cela signifie que je travaille sans penser au présent. Mon travail n’exige pas que je m’adapte à l’immédiateté et par ailleurs, je pense également que je n’ai pas à me lancer dans ce genre de direction.
Avez-vous déjà commencé à travailler sur un nouveau projet ?
K. K. : J’aimerais me lancer dans un travail autour de la jeunesse avec un mot-clé de départ : la croissance.
Propos recueillis par Odaira Namihei