Apparemment, le cinéma japonais se porte bien. Une production en hausse, de plus en plus d’écrans. Mais que cache cette réalité ? L’avènement du numérique a très sensiblement diminué les coûts de production et favorisé l’émergence de nouveaux réalisateurs. Toutefois, une bonne partie des films que l’on diffuse aujourd’hui dans les salles de cinéma sont des productions bas de gamme qui tendent vers une certaine uniformisation. Désormais, on ne présente pratiquement plus d’œuvres originales et innovantes comme il en existait à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Depuis que j’ai réalisé Dogra Magra en 1988, les possibilités de tourner se sont évanouies pour moi”. C’est en ces termes que le cinéaste Matsumoto Toshio, une des figures de l’ATG (Art Theatre Guild of Japan), résume la situation du cinéma japonais actuel. La Maison de la culture du Japon à Paris lui rend notamment hommage du 7 juin au 23 juillet dans le cadre d’un cycle consacré à cette association de cinéastes qui a beaucoup contribué à l’exploration de nouveaux territoires cinématographiques. De plus en plus de films produits chaque année Comme d’autres, Matsumoto Toshio constate avec un peu d’amertume les changements observés au cours des deux dernières décennies et qui ont totalement bouleversé le monde du cinéma. D’une part, le nombre d’écrans a pratiquement doublé en 20 ans. En 1990, on en avait recensé 1 836. Fin 2010, ils étaient 3 412 dans tout l’archipel. Cette inflation d’écrans s’explique en grande partie par la multiplication des complexes cinématographiques (shinekon) dont le nombre n’a cessé de croître depuis 2000. A l’époque, sur les 2 524 écrans, 1 123 appartenaient à des complexes. A la fin de l’année dernière, sur les 3 412 écrans, 2 774 faisaient partie d’établissements multi-salles où l’on se rend pour voir des films, mais surtout consommer des spectacles dont Matsumoto Toshio dénonce le côté uniforme. Parallèlement à l’augmentation du nombre d’écrans, on a constaté un quasi doublement des sorties de films japonais. En 1990, il y en avait eu 239. Vingt ans plus tard, 408 productions japonaises ont été projetées dans les salles obscures de l’archipel. Dans le même temps, le nombre de films étrangers distribués a baissé, passant de 465 en 1990 à 308 en 2010. A première vue, c’est une bonne nouvelle de...