Pour éviter une coupure catastrophique, la population est incitée à réduire nettement sa consommation d’électricité.
L’été 2010 avait été particulièrement chaud au Japon. Des records de température avaient été enregistrés, mais les Japonais avaient pu profiter au maximum des climatiseurs dans les bureaux ou à leur domicile pour combattre cette canicule. Rien ne dit que l’année 2011 sera aussi chaude du point de vue des températures. Toutefois, une grande partie de la population sait d’ores et déjà qu’elle aura à souffrir de la chaleur, car l’air conditionné sera utilisé au minimum pour cause de setsuden (réduction de la consommation d’électricité). Conséquence directe de l’accident à la centrale de Fukushima Dai-ichi qui s’est produit après le séisme du 11 mars, la pénurie d’électricité a frappé la moitié orientale du Japon, notamment la région de Tôkyô, qui a dû faire face dans un premier temps à une série de coupures de courant. Celles-ci touchaient à tour de rôle des quartiers où la population devait apprendre à vivre à la lueur des bougies. Elles se traduisaient aussi par une réduction du trafic ferroviaire, entraînant de nombreux désagréments. Progressivement, les autorités ont révisé leur approche, invitant les Japonais à se familiariser avec la notion de setsuden au nom de la solidarité nationale. Plusieurs campagnes de sensibilisation ont été lancées dans les semaines qui ont suivi la catastrophe. Entreprises et particuliers doivent adopter de nouvelles règles de vie afin de réduire au maximum leur consommation électrique et ainsi éviter le chaos. Une surconsommation entraînerait une paralysie du réseau et bloquerait l’ensemble du pays. Ce n’est cependant pas évident à mettre en application puisque, depuis des années, le tout électrique est devenu la norme dans l’archipel. L’exemple est d’abord donné par les entreprises comme Toyota qui fermera ses usines les jeudis et vendredis et fera travailler ses ouvriers le week-end, période où les pics de consommation sont moins élevés. Les particuliers sont incités à utiliser le moins possible leurs appareils électriques. Dans l’arrondissement d’Arakawa, à Tokyo, un concours va être mis en place pour permettre aux personnes qui auront réduit de 20 % leur consommation de remporter des cadeaux. On encourage également les salariés à s’habiller léger et abandonner le costume classique pour se rendre au travail. Lancée il y a quelques années pour d’autres raisons, cette mode du cool biz (cool business, tenue décontractée) revient en force cette année. On parle d’ailleurs de setsuden biz pour rappeler que la motivation pour s’y conformer n’est pas la même et qu’en arrière plan se joue l’avenir du pays. Rien que ça.
Gabriel Bernard