Depuis le séisme qui a frappé le nord-est de l’archipel et l’accident de la centrale de Fukushima, les étrangers boudent le Japon.
Ramener la confiance. La tâche s’annonce délicate pour le gouvernement japonais après la catastrophe du 11 mars et la crise nucléaire qui en a découlé. Le plus difficile sera bien sûr de rétablir la confiance avec la population qui manifeste de plus en plus sa défiance. Un récent sondage montrait que 58 % des personnes interrogées critiquaient la gestion gouvernementale concernant la centrale de Fuku-shima. La décision d’interdire à compter du 21 avril la zone des 20 kilomètres autour du site accidenté n’est pas de nature à favoriser un retour de la confiance parmi les Japonais. Mais le défi des autorités ne se limite pas à la population nippone. Il concerne également les étrangers qui, en dépit d’un vaste élan de solidarité au niveau international, boudent l’archipel depuis les événements du 11 mars. Près de 500 000 nuitées ont été annulées au cours des semaines qui ont suivi. Et même si les voyagistes français ont annoncé, le 19 avril, la reprise des circuits au Japon à partir du mois de mai, il est probable que les touristes étrangers continuent à hésiter avant de se décider à retrouver le chemin vers le pays du Soleil-levant. Les séismes à répétition et les incertitudes autour du dossier nucléaire invitent à la prudence. En dehors des touristes, il est une autre catégorie d’étrangers que les pouvoirs publics vont devoir séduire à nouveau : les étudiants. Comme nous le rappelions dans notre numéro 5 de novembre dernier, le Japon se démène pour accueillir de plus en plus d’étudiants étrangers afin de permettre à son système universitaire en crise de ne pas sombrer totalement. Il s’est même fixé l’objectif de 300 000 personnes d’ici 2020. Jusqu’au 11 mars, ce chiffre ne semblait pas démesuré puisque le nombre d’étudiants étrangers n’a cessé de croître durant la dernière décennie. En 2009, ils étaient près de 130 000, laissant penser que les 300 000 seraient atteints assez aisément. Aujourd’hui, l’optimisme n’est plus de rigueur. De nombreux programmes d’échanges sont en suspens, en attendant d’obtenir l’assurance que la situation est sans risque pour tous ces jeunes motivés par leur envie d’étudier au Japon. Cela veut à la fois dire que les autorités japonaises doivent élaborer de nouvelles règles en cas de catastrophe pour éviter que la panique qui s’est emparée de nombreuses familles et responsables pédagogiques à l’étranger ne se reproduise lors d’un séisme de cette ampleur. Mais elles doivent surtout veiller à ce qu’une nouvelle crise nucléaire n’ait lieu à nouveau. Sa crédibilité à l’intérieur et à l’extérieur des frontières est en jeu.
Gabriel Bernard