Grand auteur de la littérature policière japonaise, Takagi Akimitsu a vendu des millions d’exemplaires de ses livres au Japon et pourtant il n’a jamais été traduit en français à la différence d’autres auteurs comme Matsumoto Seichô ou Edogawa Ranpo. Ce manquement est aujourd’hui réparé grâce aux éditions Denoël qui viennent de publier Irezumi, son plus grand succès qui s’est écoulé à plus de 10 millions d’exemplaires depuis sa publication en 1948.
Comme son titre le laisse entendre, l’histoire se déroule dans l’univers du tatouage. Nous sommes deux ans seulement après la fin de la guerre et le pays souffre encore des conséquences du conflit qui a anéanti le pays. Les personnages du roman l’ont vécu et se retrouvent dans des situations et des positions induites par cette catastrophe.
Mais c’est dans une autre tragédie que le romancier nous entraîne, celle qui entoure les tatouages dont un maître tatoueur a orné les corps de ses trois enfants. Le premier Tsunetarô serait mort aux Philippines, la seconde Tamae aurait disparu lors du bombardement atomique de Hiroshima tandis que sa jumelle Kinue, ancienne prostituée devenue patronne de bar, est la seule survivante. Jusqu’au jour où elle est sauvagement assassinée dans sa salle de bain fermée de l’intérieur. Ce meurtre à huis clos est le point de départ d’une enquête qui permet de mieux comprendre le monde si particulier de l’irezumi autour duquel gravitent des personnages souvent troubles. Tous les ingrédients sont au rendez-vous pour combler les amateurs de polars désireux de sortir des habituelles œuvres anglo-saxonnes.
Odaira Namihei
Irezumi (Shisei satsujin jiken), de Takagi Akimitsu, trad. par Mathilde Tamae-Bouhon, Denoël, coll. Sueurs froides, 20,50 €